Strange Days
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Strange Days

Album de The Doors (1967)

Dans la continuité de leur premier album, Strange Days poursuit la construction de la récente légende des Doors, alors en pleine ascension. Jim Morrison donne la pleine mesure de sa voix, somme toute de qualité moyenne intrinsèquement, mais complètement subjuguée par l'interprétation qu'il donne sur chaque titre. Ray Manzarek est au four et au moulin et peuple de son seul clavier tout l'album, la batterie jazzy de Densmore fait des merveilles par dessus, Krieger s'offrant de beaux solos de guitare pour agrémenter le tout. Le son des Doors est définitivement installé. Dès les premières notes, l'auditeur est noyé dans une bulle sonore dont il ne peut s'échapper.


S'ouvrant sur un Strange Days légèrement angoissant, les Doors plantent le décor. L'album, au diapason de la pochette, nous emporte dans un monde et une époque bizarre, pleine de contradictions et d'émotions explosives, refoulées, avec ce sentiment d'égarement, de perte de repères. You're lost little girl poursuit d'ailleurs parfaitement la sensation du premier titre, ainsi que Unhappy girl ; I Can't See Your Face in My Mind et bien entendu le splendide People are Strange, comptine mélancolique et entrainante où l'étranger rejeté que nous sommes est cerné de grimaces et de laideur... Le summum reste le poème parlé Horse Latitudes, anxiogène et morbide au possible.


L'album est également parsemé de titres dédiées à ces passions / amours fous chargés en énergie sexuelle Love me two times ; My Eyes Have Seen You ou plus romantique et contemplative avec Moonlight Drive, une des toutes premières compositions des Doors...


Enfin et surtout, l'album s'achève en apothéose sur When the music's over, long poème rageur et outrancier, avec cette introduction légendaire à l'orgue dont les premières notes suffisent à vous procurer des frissons (à noter qu'elle est extrêmement similaire à celle de Soul Kitchen du premier album)... Moins lancinant que The End, le morceau fleuve de leur premier album, When the music's over recèle l'essence d'une colère impuissante de la jeunesse d'alors, avec ses exigences de se voir remettre le monde mourant tout de suite, maintenant... Jouissance revendiquée, l'abandon comme seul salut... Mais dès que la lumière revient, l'illusion est bien passée, il est temps de revenir à la réalité.

Hypérion
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le 22 mai 2012

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