1994 - Fin d'une époque / début d'une autre.
Entre la mort de Kurt Cobain ("le martyr blond"), les albums de Korn et Machine Head (le premier donnant naissance au Néo-Metal, le second foutant un sacré coup de fouet au Thrash), l'avènement de la Brit-Pop, l'explosion du Black Metal (et ouais, faut pas oublier !) et j'en passe, 1994 est une sacrée année.
Dans ce petit bordel, un combo de Seattle répondant au nom de Soundgarden sort son quatrième album. Le groupe s'est déjà fait connaitre dès leur premier album (grâce à une nomination à cette connerie que sont les Grammy Awards) mais c'est en 1991 qu'ils exploseront avec le mythique, le pesant, le monstrueux, que dis-je ? Le fabuleux Badmotorfinger, Dessus, Soundgarden nous proposait un Hard Rock incroyablement puissant, flirtant de très près avec le courant psychédélique des années 70. Un trip halluciné, en somme.
3 ans plus tard, les voilà de retour avec Superunknown, leur plus grand succès à ce jour.
Superunknwon est très, mais très différent des précédents albums. Effectivement, le groupe donne l'impression de s'adapter à l'époque, avec des compositions moins pesantes mais toujours aussi éclatantes de maîtrise. Soundgarden s'ouvre à d'autres horizons musicaux, tout en gardant son identité propre. L'album est un long voyage hypnotique donnant l'impression de se trouver au milieu du désert (pas le même que Kyuss, cela dit). Ecoutez donc les lents, expérimentaux et mélodiques Limo Wreck, Half (petite perle) ou Head Down pour s'en convaincre. Dépaysement assuré !
Le quatuor insère aussi une énergie dépressive à sa musique, une caractéristique chère au mouvement Grunge. 4th Of July en est le meilleur exemple : un riff languissant, un rythme sinistre, des paroles noires... La recette magique est utilisée. Même le super hit Black Hole Sun revêt un aspect plutôt dépressif, en particulier avec les notes d'ouverture.
Le côté dépressif/désespéré est donc présent sur tout l'album, ce qui n'empêche pas le groupe de briller avec des compositions un peu plus Hard : la paire d'ouverture Let Me Drown/My Wave ou l'énervé Kickstand (qui réveille après un The Day I Tried To Live tellement joyeux... haha). Soundgarden est le garant d'une certaine hargne, bien que n'étant pas aussi explosive que sur les albums précédents.
Pourtant, tout n'est pas rose dans ce Superunknown. Premier point noir ; le nombre de chansons. 16 au compteur, c'est beaucoup. Non pas qu'il y ai des bouches-trous (quoique Fell On Black Days...) mais l'écoute se voit bien plus difficile. Il n'est pas aisé d'identifier toutes les chansons, de les maîtriser, de les apprivoiser. Ça fait plus de 10 mois que j'ai acquis cet album et j'ai toujours du mal à contrôler certaines chansons. Une chose énervante !
Second point noir : bon non, ce n'est pas vraiment un malus mais plutôt une déception. Adulant Badmotorfinger, j'aurai bien voulu avoir des réminiscences sur cet opus. Chris Cornell (cher à Lazein, ce que je ne peux qu'approuver) est toujours en grande forme avec son timbre chaud et grave, bien que ses envolées ne soient plus aussi impressionnantes (et rares). Les autres musiciens font preuve d'une grande diversité musicale, mention spéciale au batteur Matt Cameron dont j'apprécie beaucoup le jeu : diversifié, déstructuré et plaisant.
Que dire pour conclure ? Superunknown est sorti à la bonne époque, c'est sûr. Mélange réussi de rock alternatif, de Grunge et d'Hard Rock avec un gros brin d'expérimentation, Soundgarden passe avec brio l'année 1994.
Un must-have pour tous les amateurs des années 90.
(critique publiée simultanément sous le pseudonyme KingKilling sur le site Nightfall)