« ...Don't need a whore, don't need no booze, don't need a virgin priest... »
« Tattoo you » n'est pas le meilleur album des Stones, il n'est pas le mieux produit, ni le plus aboutit mais il est mon préféré. J'ai découvert la vraie musique grâce aux Stones. « Tattoo you » est leur album que j'ai eu l'occasion d'écouter en premier. J'ai donc découvert la vraie musique avec « Tattoo you ». Pour moi, « Tattoo you », c'est sentimental. Je l'ai écouté des dizaines et des dizaines de fois.
Les Stones m'ont fait comprendre ce qu'était la musique. J'ai commencé avec eux et ils m'ont ouvert la voie sur tout le reste. Si j'écoute aujourd'hui Pink Floyd, Oasis, U2, les Doors, du jazz, du blues, c'est à eux et eux seuls que je le dois. Ils m'ont offert la culture musicale qui est la mienne aujourd'hui.
Bien entendu « Tattoo you » n'a pas le style ni la classe d'un « Sticky fingers » ou un « Exile on main street » mais j'estime qu'il est la dernière grande réussite du groupe. On était en 1981, 30 ans déjà que les Stones n'ont plus rien pondu de transcendant.
On démarre avec « Start me up », le tube de l'album, titre valable s'il en est mais sans plus. On est loin d'un « Paint it black » ou un « Jumping Jack flash ». A la base cela devait être une chanson reggae. J'aurais été curieux d'entendre. Il y a encore le kitsch « Hang fire », le nerveux « Neighbours » et le rockabilly « Little T&A ». Trois titres plus ou moins efficaces mais jusque là toujours pas de quoi s'extasier. Non en fait, là où j'estime que « Tattoo you » prend son envol, c'est sur « Slave ». Sorte de gros mix soul jazz blues évoluant sur un faux rythme. Infiniment suave et chaleureux. Les Stones y font ce qu'ils savent faire de mieux. Comme le bon gros blues affirmé de « Black Limousine ». Et puis, il y a la seconde moitié de l'album où on enchaîne sur cinq petits bijoux (et ça n'engage que moi) :
« Worried about you »
« Tops »
« Heaven », l'OVNI de l'album, atmosphérique, aérien. Surprenant de la part des Stones. Mais c'est justement ça l'intérêt, l'effet de surprise. Ce titre est à part dans leur carrière et c'est tant mieux. Les conservateurs et nostalgiques de « Sticky fingers » n'apprécieront peut-être pas et c'est bien dommage.
« No use in crying »
« Waiting on a friend », ballade idéale pour conclure dont les paroles pourtant mielleuses passent sans problème car cela casse certains anciens textes sulfureux du groupe.
Finalement, "Tattoo you" est un puzzle. L'assemblage et le peaufinement d'anciens titres abandonnés lors de précédents enregistrements (de "Goats head soup" à "Emotional rescue" sans compter "It's only rock & roll"). Vieilles démos oubliées que Jagger et Richards sont allés récuperer dans leur grenier. Comme quoi, c'est dans les vieilles casseroles que l'ont fait les meilleurs soupes.
Bref, en 1981, il était déjà bien loin le temps de « Gimme shelter ». Epoque que je regrettais à l'écoute du très moyen « Some girls » (1978), j'ai relativisé sur le potable « Emotional Rescue » (1980), j'ai adoré « Tattoo you » et j'ai finalement pleuré toutes les larmes de mon corps sur les pitoyables « Undercover » (1983) et « Dirty work » (1986).
La perle : « Heaven »