«Shaka Ponk, c'est commercial'»...
Cet argument assez minable pour justifier qu'on ne les apprécie pas me fera toujours rigoler.
Qu'est-ce qui n'est pas commercial dans le sillage musical actuel et dans ce qui passe sur les ondes? À moins de fréquenter les sphères underground et indépendantes, à même de satisfaire tout amateur de vrai-fausse-bonne musique, rien de ce qui semble un tant soit peu connu actuellement ne peut être autrement qualifiable.
Maintenant c’est vrai, passé le premier opus, le groupe n’a jamais expérimenté de grandes prises de risques et globalement c’est toujours resté plutôt passable.
Toutefois The White Pixel Ape m’avait surpris à plusieurs niveaux, positivement.
Ca n'atteignait toujours pas l'excellence du second essai mais le groupe, sans énormément faire évoluer son style, parvenait à se renouveler habillement en élargissant son spectre sonore. De plus le chant de Samaha [seconde vocaliste] était nettement plus mis en avant dans des morceaux mettant parfaitement en valeur son timbre.
Avec cette itération Noir je serai plus mesuré. Moins gentil en fait.
Beaucoup moins.
Pourtant, cela démarre très bien. Et très fort. Je crois d'ailleurs que c'est la première fois depuis Loco Con Da Frenchy Talkin' (alors plus pour la découverte elle-même) que Shaka Ponk me fout une telle gifle dès l'ouverture.
L'on s'était habitués au mordant des guitares mais en général celles-ci s'accompagnaient de nombreuses sonorités touchant divers genre musicaux - ce qui en fait probablement le plus attractif groupe de rock français à l'heure actuelle, pas que ce soit une performance en soi d'ailleurs – comme le funk, le hip-hop, l'électro ou même le reggae. Jamais subtilement mais toujours en conservant le fun caractérisant la formation.
Ici, cela se résume majoritairement au trio guitare/basse/batterie, pour un résultat d'une agressivité sincèrement jouissive devant malheureusement faire place dans un second temps à un autre constat…
Rythmiquement c’est très faible. Musicalement aussi.
L’argumentation selon laquelle les morceaux de cet album auraient été composés durant la tournée The Pixel Ape Tour joue parfaitement en la faveur de cette critique négative et prouve à quel point Shaka Ponk dans cette fameuse logique commerciale tant décriée, a atteint ses limites.
Et quand je mentionne cette logique moi-même je ne prétends pas que le groupe soit fainéant ou superficiel (leurs shows sont monstrueux et les artistes généreux avec leur public), non. Il est simplement intelligent dans les choix qu’il fait, sait très bien ce qui fonctionne de nos jours et utilise ce savoir avec malignité. Hélas, là ça ne passe plus pour moi, les ficelles employées sont trop grosses et prétexte à une nouvelle vente moins d’une année à peine après le prédécesseur Blanc.
Seule accroche de l'album ? Des grattes très lourdes et parfois inspirées. Naturellement ils n’ont jamais rien révolutionnés de ce côté-là (je ne crois plus que ce soit possible de toute façon, pour personne) mais plus encore que sur leurs précédents travaux, il ressort un aspect fort et rigoureux dans la démarcation des riffs.
Du reste, c’est d’une fadeur consternante.
Personnellement j’adore le morceau On The Ro’ et le trio Way Out, Lucky Boy & Frag Dog (excellent). Mais passé le fun dingue de ces titres, l’on se rend compte qu’il n’y a pas grand-chose.
J’ignore si c’est établi par pure intention mercantile, cela m’étonnerait, en tout cas c’est regrettable.
Une seule piste a retenu mon attention durablement, la dernière. Peut-être même les trois dernières, avec du recul. Elles finissent le disque sur une note agréable.
Parce que la piste 8 elle n’est qu’un ersatz honteux de My Name Is Stain, déjà la plus faible de Jerkin’ Socks, album qui entamait le déclin . Et c’est d’autant plus grave qu’ils nous ont déjà fait le coup avec I’m Eloquent sur White, dont la structure est semblable à I’m Picky du même Jerkin' Socks (ça se remarque même dans le titre, certes).
Je suis un gros amateur de bourrinage électrique, de Hard Rock surtout, n'aimant pas trop le Metal, et à l’écoute de cet album incisif, si l’on exclus trois pièces qui offrent une courte accalmie, je prends un pied intégral. Aussi c’est peut-être mon favori de leur carrière derrière Loco Con’. Parce qu’il passe tout seul, sans indigestion, d’autant qu’il n’est pas long.
Mais ça ne m’empêchera pas de le considérer, paradoxalement à ma franche appréciation, comme leur opus le plus faible.
Je suis virulent sans comprendre véritablement pourquoi. Quelques chose m'agace.
Cette critique peut-être. Je ne la crois ni utile, ni à faire finalement, parce qu'il n'y a pas grand chose à dire sur Shaka Ponk je crois.
Je vais devenir trop introspectif, j'en reste là.