... The Doors, c'est ça. Ils nous invitent dans leur univers, dans leur paradis artificiel, où l'on entre comme on entrerait chez un dealer musical. Leur musique enveloppe dans une brume camé-léon, guidée par la voix d'un Morisson sorti des tréfonds de son propre Enfer. De tous les musiciens, je retiens surtout le claviériste, Manzareck. Il a une propre patte, véritablement incopiable ailleurs, et même si il a un peu vieilli, il conserve un charme hypnotique.
Évidemment, cet album, c'est un disque bourré de classiques par excellence ! Et, à l’exception de "Take it as it comes", qui est oubliable, elles sont toutes à remarquer. "Light my Fire", dotée de deux solos très ambitieux, à cause de leur durée et de l'absence de vocal, est à la fois prétentieux et parfaitement réussi. Le défi est atteint. "The crystal ship" est étrange, "alabama song" est insouciant, "end of the night" est sombre, "breack on through" est enjoué... Je juge sur les atmosphères hein, je sais pas du tout de quoi ils parlent. Mais je devine qu'ils explorent une émotion par chanson, un ressenti à provoquer devant se renouveler régulièrement.
Puis, le bouquet final, "The End", magnifiquement utilisé pour "Apocalypse Now" comme chacun sait... Cette fois, le groupe est au sommet, invoque tous les sens humains, pénètre notre for intérieur, et nous fait ressortir une émotion étrangère, que nous ne pouvons ressentir qu'en écoutant des titres de ce genre. C'est certainement une des raisons pour laquelle cette chanson est première dans les sondages sur les chansons à écouter dans un état second: on s'explore nous-même avec cette musique chamanique. Le rock psychédélique devient autre chose; il devient pilule, et elle traverse notre corps pendant 11 minutes. C'est ce qu'on appelle se dépasser.
Rien que pour cette chanson, cet album est incontournable. Mais il y en a pour tous les goûts, c’est difficile d'être déçu !