The Grand Wazoo par Ripailloux
En fait Grand Wazoo c'est un peu un espèce de grand-huit musical dingue, jouissif, incroyable... C'est une comparaison un peu foireuse mais ça m'a l'air de coller.
C'est à dire que cet album de Zappa est pour moi son plus grand, son plus intense, son plus sublime. 5 titres seulement me direz-vous (peut être), en effet, mais 5 monstres ! Alors on va commencer par le "moins bon" titre, Eat That Question". Enfin perso je trouve que c'est le moins bon.
Bah voilà, le morceau débarque, un petit synthé un peu voluptueux, hésitant, lance un espèce de thème, et d'un coup, ça démarre. Et quand ça démarre, bah vous hésitez pas une seconde, vous kiffez !
Bref, c'est le moins bon, et pourtant il déchire, alors que peut-on dire des autres ?
Cletus Awreetus-Awrightus est un espèce de délire complètement fou d'un peu moins de 3 minutes qui évoque tour à tour musique de film, de saloon ou même de jeu vidéo. Le morceau est d'un burlesque incroyable comme j'en ai rarement entendu dans la musique. Le morceau est vraiment absurde quoi, et en même temps il est incroyablement ficelé, écrit, palpitant. C'est quand même fort.
D'ailleurs, c'est ça la force de Zappa je crois bien, c'est de réussir à rentre ses morceaux aussi uniques, absurdes parfois, fous, variés, tout en gardant cette cohérence musicale et ce génie de composition qui te font dire... MAIS WTF ???
C'est bien le seul qui est capable de créer ce sommet qu'est "For Calvin etc etc", pour moi le meilleur de l'album. Un titre d'abord assez mystérieux, avec des paroles, eh oui ! Au début du titre (et à la fin aussi), c'est le seul morceau qu'en a. Mais quelques phrases quoi, histoire de foutre une ambiance... Parce qu'après ça dégénère complètement : Cuivres insensés, sons électroniques hallucinants, suraigus, rythmique déstructurée... Jusqu'à un moment de bordel inouï, avant, le retour à un peu de cohérence. Et là, c'est la folie. Les cuivres se superposent, développent tous des thèmes surkiffants, ça ralentit, ça s'accélère, ça change en permanence, chaque instrument à son rôle, on dirait de la musique de ciné façon james bond, ensuite une musique de fanfare, ensuite un truc absurde... Ça change tout le temps. Et quand enfin le thème principal revient, c'est la libération de toute cette tension, de tous ces changements qui suspendent le temps. Et la clarinette derrière, énorme, discrètement elle fait des glissendos sublimes, histoire de bien finir le truc.
Je vous avoue que là j'ai plus trop le courage de vous parler du reste, ça m'a l'air ridicule à côté. Enfin NON ! Le titre éponyme est monstrueux aussi, thème aux cuivres encore une fois, très stylé, et là c'est le déferlement des solos. Le trompettiste déchire et Zappa déchire également... 13 minutes de folie. Et puis enfin parlons de Blessed Relief... A côté des autres il pourrait faire pâle figure, mais en fait c'est sa force je pense, ce côté un peu minimaliste (enfin façon de parler hein) à côté du reste. D'un coup la musique devient moins volumineuse, bien moins tendue, on est dans une évolution très régulière en terme de rythme, d'harmonie (enfin régulière...). C'est un superbe morceau qui ponctue à merveille un album d'exception.
Et si vous êtes pas convaincus franchement, bah réécoutez-le avec l'aide de quelques substances (genre café, tout ça quoi, vous voyez.....) et avec des potes aussi, histoire de croiser vos regards effarés devant tant de génie, enfin perso je l'ai fais avec des potes plusieurs fois, à chaque fois on est ressorti ultra enthousiaste de nos écoutes, surtout sur For Calvin, ce final nous rend fou !
Bon bah voilà, bref, chef d'œuvre. Ça suffira amplement non ?