... et Cure passa à la postérité. "The head on the door" c'est l'album qui révéla le groupe au grand jour et au Grand Public, le disque qui leva le voile sur le mystère de leur univers quitte à rendre sa musique évidente, au grand dam d'une partie de ses fans d'antan. Robert Smith va devenir dès lors une figure de la Pop Culture (même si ce terme n'était pas employé à l'époque), avec un look, une voix et des gimmicks vocaux identifiables instantanément, utile à l'époque où Prince, Madonna et Michael Jackson dominaient le monde. Les clips de "In between day" et de "Close to me" , réalisés par Tim Pope, vont largement contribuer au succès visuel du groupe et de nombreux jeunes ados vont s'identifier au spleen que véhicule sa musique. La Curemania va déferler tout particulièrement sur la France, les cours de récréation de l'hexagone vont alors voir débarquer un nouveau spécimen: Le curiste, aux cheveux crêpés et tout de noir vêtu.
Avant de passer au contenu, un rappel historique s'impose. Fin 1984, The Cure vient de finir sa première longue tournée américaine, et Robert Smith décide qu'il est temps de retrouver une formation solide. Et pour cela, il va renouer contact avec Simon Gallup avec qui il n'a pas parlé depuis deux ans-et-demi et lui propose de retrouver sa place de bassiste, occupée de manière intermittente par Phil Thornalley. Simon accepte, et autour de lui on va retrouver Lol Tolhurst, membre fondateur, clavier et aide aux paroles, Porl Thompson, guitariste, claviériste, designer, beau-frère de retour depuis la tournée de "The Top" et Boris Williams, batteur talentueux arrivé en fin de tournée. Cette formation va rapidement devenir le line-up classique du groupe et va arpenter les studios dès le début d'année 85. Si l'option d'aller enregistrer en Allemagne dans les studios de Conny Plank a été un temps évoquée, The Cure restera finalement à Londres et rejoindra pour la deuxième fois David M. Allen. L'enregistrement se déroulera comme une fête de retrouvailles entre de vieux amis et la teneur musicale s'en fera ressentir.
Si "Japanese whispers" puis "The Top" avaient chacun livré leurs moments pop, le sixième album va proposer une musique enjouée et nettement plus accessible que tout ce que le groupe nous avait livré jusqu'ici. On retrouvera le côté sentimental et mystérieux de Cure mais cette fois libérés de tout doute. Le disque débute directement sur son nouveau single "In between days", morceau entrainant qui convertira de nombreux nouveaux fans, et même s'il ressemble fortement à "Dreams never end" de New Order, il reste un joyau pop indémodable. "Close to me", l'autre single, lorgnera vers le RnB avec son rythme dansant, ses respirations de voix et ses mélodies entêtantes. Au rayon des bizarreries, on pourra citer "Six different ways", remake de "Swimming horses" de Siouxsie au parfum de valse télétubienne. "Screw" donne dans le funky, "A night like this" remet au bout du jour un morceau d'Easy Cure et possède un petit côté Roxy Music avec son solo de sax glamour. "Push" et "The baby screams" sont deux réussites pop-rock rapides , le premier restant à ce jour un classique des sets live du groupe. Enfin, pour les vieux fans, il reste tout-de-même les très bons "Kyoto song" et "Sinking", la première jouant sur le mode japonais, la deuxième étant très émouvante et parlant de la déchéance due au fait de vieillir, thème qui restera une obsession chez The Cure.
"The head on the door" est un album très important pour la carrière du groupe et pour ce qui va suivre. Le disque a très bien vieilli malgré son côté très ancré dans les années 80, il possède une grande cohésion. Album d'humeur joyeuse, je conseille son écoute au printemps, la saison de la renaissance, et celle d'un groupe.