Parcourez un monde ensorcelant...
World’s End Girlfriend est un artiste japonais multi-instrumentiste mêlant électro, jazz et post-rock… Pour vous donnez une petite idée, il y’a un petit quelque chose de Geinoh, Godspeed You Black Emperor, Pink Floyd et Amon Tobin par exemple. Mais bien sur World’s End Girlfriend à un univers et un style unique et une façon de créer sa musique avec une richesse et une profondeur très particulière et personnelle… je dirais que c’est un voyage symphonique et organique moderne ; il peut insuffler une ambiance, une sensation, une émotion puis une autre à tout instant, et cela en gardant une ligne directrice tout le long de l’album. Il nous raconte quelque chose à travers des assemblages de sonorités, samples, instruments, le tout créant des mélodies, rythmiques ce mêlant, s’entremêlant, se distordant… à chaque écoute on découvre de nouvelles choses, on n’est jamais blasé tellement c’est riche, complexe et hypnotique… Tout comme son précédent album ”Farewell kingdom”, l’album ”The lie lay land” en est un parfait exemple dans ça discographie.
La pochette de l’album représente une illustration/estampe (style Yoshitaka Amano) d’une petite fille japonaise dont l’arrière-plan est une prairie avec chapiteau et lumières ; le tout est assez évocateur du voyage ensorcelant que nous allons vivre à l’écoute de cet album. Chaque titre ce suit et le tout raconte une histoire, un passé ! certains morceaux font plus de 10 minutes ! mais pas d’inquiétude les morceaux évoluent et peuvent changer du tout au tout, de façon progressive ou instantanée, mais jamais de façon ”brutale” car il y’a une évolution presque visible, ou insidieuse parfois, de la mélodie dans le morceau et entre les morceaux. Un univers sous nos pieds et dans notre esprit !
l’album commence par des trompettes (1- Phantasmagoria motu Gate), et finira par des trompettes (10- Unspoiled Monster), sur un air solennel accompagné de percussion et même de timbale pour la dernière… déjà on sait que quelque chose de grave, sérieux, tragique en un sens, va nous être conté…
Tout commence par cette nappe douce et lancinante (2- were are the massacre), qui peu à peu est ponctuée de rire et cri d’enfants, joint ensuite par d’autres instruments, telle batterie, trompette, nappe de guitare électrique… soufflant désespoir et tristesse dans notre coeur…
Le titre suivant (3- Satan veludo Children) sera un prolongement sinistre d’où une monté se tend jusqu’à une explosion d’instruments et sonorités qui vont se déconstruire, s’emmêler et se radoucir sur des notes de piano pour ensuite recommencer ; le tout dans une ambiance presque malsaine, et tordue par moment, pour ensuite respirer au son de trompette et saxo…
Gazouillis d’oiseaux et tintement (4- Garden in the ceiling)… un monde spectral s’installe pour progressivement devenir une procession fantasmagorique, un cirque ambulant où bruits, mélodies, et voix d’enfants surgissent et parsèment cette ambiance fantomatique…
voilà les grandes lignes de l’album. Nous aurons alors, des phases mélodiques assez courtes nappées de murmures, ponctué de crissements vocaux lugubres (5- The oïl of windward) ou de la volupté et douceur chantonnée par une voix d’enfant (7- Song cemetery). Ceci, entrecoupé de longues phases sombres et crispantes avec montés et déferlements, toujours surprenants (6- Scorpius circus) … et carrément une explosion (8- Give me shadow, put on my crown) où, après un long passage mélancolique de songe drapé de choeur, piano, violon et d’électro tortueux, on est plongé irrémédiablement dans un brouhaha symphonique de voix, interjections, cris, d’hommes, femmes, enfants, exprimant colère, haine, déchirement, désespoir ruisselant à travers des percussions agressives et nerveuses, des nappes de guitares et une mélodie cristalline, en autres… on en à la chair de poule tellement c’est triste, poignant et beau à la fois ; Ces voix font vibrer les cordes de notre sensibilité malmenée et maintenue sous tension perpétuelle depuis le début de ce voyage…
Et pourtant l’avant-dernier morceau arrive ,14 minutes (9- Black hole Bird), disons qu’il mène à l’aboutissement de cette traversée de la désespérance ; une vague épique et scintillante y surgira tels l’espoir, la lumière… ?! Et le dernier morceau d’un même air solennel que le début, la boucle est bouclée…
À l’écoute de cet album, au début vous serez peut être perplexe, mais sachez qu’il s’apprécie et ce bonifie d’écoute en écoute ; Le soir, seul, allongé sur son lit, la lumière éteinte, le silence autour… là, vous parcourrez cette colline peuplée d’âmes veloutées, tristes et sinistres où puissance, nervosité et douceur ce mêlent et ce déchirent… Alors, cet album, la fin venue, vous donnera du bonheur malgré sa tristesse et sa noirceur pelliculée d’espoir ; et il vous apportera du soulagement dans vos moments de déprime !
Et vous pouvez poursuivre aussi avec l’album ”Farewell kingdom” tout aussi bon et enivrant…