Amaranthe, quel cas épineux… Premièrement nommé Avalanche, puis renommé pour adopter un nom de groupe inédit, la formation sort un premier album éponyme en 2011, après avoir bossé dessus pendant deux ans (et je refuse de lui apposer un avis ici). Amaranthe plaît car le groupe propose quelque chose d’original ; depuis quand, dans un même groupe, les timbres de voix différentes étaient chacun joués par un chanteur distinct ? Pour le reste, leurs chansons, construites sur des structures pop, oscillent entre un death mélodique de dernière heure, le metalcore à la mode et le power metal à la Dragonforce (morceaux souvent rapides, sans structure constante et très puissants). Se rendant chez Spinefarm Records, leur nouvel album semble, d’après Wikipedia, avoir été fait avec plus de liberté, avec de meilleurs contrastes et un mix des genres plus controversé. Est-ce exact ? Les six suédois d’Amaranthe ont-il fait un album de meilleure facture que le précédent ?


Oui. Mais pas dans le sens absolu : Amaranthe est simplement parvenu à créer quelque chose de mieux que leur premier album, mais hélas plat, ennuyeux, à la limite du cliché et sans saveur. Se noyant dans les effets du death mélodique, The Nexus perd tout de son efficacité, nous offrant une galette puissante, et c’est tout. Le résultat, semblant vouloir être boosté à la rapidité du power et du death, n’en est même pas impressionant, Amaranthe, dans cet album, est entré dans un labyrinthe dont il n’est pas parvenu à sortir.


Pourtant, l’album commence plutôt bien, avec un Afterlife puissant, à l’intro prenante : rapide, bien rythmée, mélodiquement parfait, très efficace pour introduire un album (peut-être l’un de mes premiers morceaux d’album préférés) ; le morceau ne se dote pas d’une masse grouillante et bestiale d’effets mélodiques et les voix sont très bien équilibrées (Le seul morceau de l’album où c’est le cas). Pensiez-vous que la suite des événements se déroulerait de la même manière ? Que nenni !


On enchaîne directement avec Invincible, soit une intro vocale d’Elize Ryd sortie des ténèbres et interrompue presque aussitôt pour enchaîner sur l’instrumental bourrin… On penserait presque à Automatic dans le dernier album, en raté : là où Automatic s’enchaînait bien, Invincible ne le fait pas, notamment à cause de la longueur de l’intro vocale, qui ne nous laisse même pas le temps de se dire "ah tiens, sympa une petite intro vocale…". Pour le reste, l’instrumental se répète quasiment sans le moindre changement, et un court solo de guitare, qui aurait pu sauver le morceau s’il avait été plus long.


S’ensuit The Nexus, morceau-titre, qui ne rattrape même pas la catastrophe précédente : outre le petit effet synthétique en guise d’introduction et une bonne partie de batterie, on notera en particulier l’inutilité de la guitare et un refrain pénible, qu’on pourrait aisément remplacer dans la chanson tant il diffère des couplets. Pourtant ceux-ci ont un certain potentiel… Mais si mal agencés avec le refrain, ils en perdent tout leur charme. Rajoutez à cela les mauvaises parties vocales de Jake E, et vous avez devant vous The Nexus, un morceau qui a semé la plus grande confusion dans vos oreilles. Cependant, je vous recommande le clip si vous êtes fan de science-fiction.


Le reste de l’album demeure du même cru : Theory Of Everything, au rythme des plus basiques et aux deux solos de guitare dans un souci de qualité, le cliché Stardust (rien que le nom), au refrain enfantin, le ridicule Burn With Me, aux accents se voulant sensibles, l’éreintant Razorblade, à la construction indiscernable, Electroheart, peut-être le pire morceau de l’album, aux couplets et refrains plus lourdingues les uns que les autres, Transhuman, massacré par les effets mélodiques et un growl pouvant rappeler le plus mauvais de Corey Taylor, et enfin Infinity, et sa (très) mauvaise structure vocale.


Mechanical Illusion et Future On Hold sortent du lot, : le premier, doté de meilleurs effets mélodiques, donnent plus une impression d’immersion dans la musique, et les parties growl d’Andreas sont les meilleures de l’album ; au même titre que le refrain. On regrette la présence de Jake E avant le refrain, qui aurait pu se dispenser de sa présence sur ce titre. Le second, malgré une structure hésitante, se révèle (très) bien chanté : on ressent à l’écoute de Future On Hold plus d’émotions que dans le reste de l’album. Notez aussi la présence d’un excellent solo de guitare.


Somme toute, de manière générale, les instrumentaux, souvent puissants et en harmonie avec les vocaux, sont malgré tout plats et ennuyeux, car très répétitifs ; le plus grand atout de cet album vient de l’originalité d’Amaranthe, c’est-à-dire dans l’alternance des voix. Ce que fait le groupe dans cette production, c’est surtout une ambiance "cosmique" ; les effets synthétiques et mélodiques donnent à sentir comme une impression de voyage dans l’univers, tant l’effet atmosphérique est puissant. A vous de voir : cette caractéristique, soit vous en ferez l’élément principal qui vous fera apprécier, soit vous la trouverez mal faite, et vous vous retrouverez à rédiger une chronique incendiaire sur ce groupe.


Bref, cet album peut donc aller de la grande médiocrité à la qualité exceptionnell (mais hélas, en faible quantité) ; tout a été dit. Selon vos goûts, ce que vous trouverez dans cet album vous plaira ou vous décevra. Mais Amaranthe n'ira pas vraiment en s'améliorant.


(Critique rédigée sur Facebook le 03/04/2014)

Aldorus
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le 23 avr. 2017

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