Pour la première et réelle fois, je dois dire que le fan de KoЯn que je suis, qui a accepté et apprécié toutes leurs audaces, est resté sur le cul devant ce dixième opus. Non pas que le mélange metal/dubstep me déplaise (bien au contraire) mais ici, la collaboration est aussi ratée qu’inutile. Car il faut bien se mettre à l’esprit que The Path of Totality est avant tout un album de KoЯn, un nouveau disque, avec de nouvelles compos inédites, censées être travaillées, etc… S’associant avec des figures du dubstep comme l’inévitable Skrillex mais également 12th Planet, Noisia, Excision, Feed Me ou encore Kill the Noise, les Américains ont cru un tant soit peu innover (phrase à prendre avec des pincettes) en mélangeant clairement un album metal avec des sonorités dubstep.
Le phénomène de mode 2011 est là, c'est certain, mais l'idée n'était en soi pas mauvaise... Pourtant, c’est face à une caricature des différents artistes du mouvement et, plus encore, de KoЯn que nous avons affaire. Après s’être fait massacrer par une grande partie de leurs fans au cours des périodes See You on the Other Side et Untitled, ces derniers s’étaient débarrassés de leur image d’expérimentateurs pour revenir aux sources à travers un neuvième album dans la claire continuité de leurs deux premiers opus. Un retour osé et pour le moins réussi, qui est quand même parvenu à faire couler de l’encre. Oubliant les retrouvailles avec leurs racines, ils remettent une couche niveau risque et se plantent hélas bel et bien cette fois-ci.
The Path of Totality est un fourre-tout lent, mou, sans aucune énergie, aucune idée ni aucun réel travail. La déception vient donc des deux côtés de la production : d’un côté, KoЯn livre un metal basique, comme une série de B-sides échappés de See You on the Other Side et Untitled avec quelques morceaux planants et moins neo ("My Wall","Sanctuary", "Let’s Go"). Se reposant sur leurs acquis, jouant la carte de la facilité, ils s’attachent bel et bien à une direction purement commerciale, autant au niveau musical sans inspiration (Munky a tout donné apparemment) qu’au niveau lyrique, les paroles de Jon Davis étant tout simplement plates. Ce dernier reprend par ailleurs beaucoup de thèmes, de phrases et de phrasés au préalable entendus (soupir…).
Ensuite, la déception vient de ces artistes engagés pour soi-disant mélanger les styles. Bien payés et conscients que le disque ne touchera que des adolescents métalleux peu habitués au son dubstep, ils proposent des sonorités drum and bass molles et sans panache, foutant ici et là quelques wobbles (basses fréquences atypiques propres au dubstep) comme garantie. Se ridiculisant volontairement comme si cette collaboration n’était que du vent et un chèque, peut-être aussi étouffés par la musique originale de KoЯn ou encore peut-être incapables de clairement associer leur style à celui du groupe, les artistes font moins que le minimum, décevant leurs fans respectifs, dont je fais (faisais ?) partie.
Apparemment, seule la star Skrillex s’est éclatée sur cet opus, sa participation sur certains morceaux étant pour le moins efficace, notamment sur les singles plutôt bons "Narcissistic Cannibal" et "Get Up!", suffisamment dynamiques pour satisfaire le moins exigent. D’autres titres simples mais sympathiques tirent leur (courte) épingle du lot comme "Burn the Obedient", "Bleeding Out" et le bonus track "Fuels the Comedy". Pour le reste, c’est de l’ennui en barre. Ainsi, The Path of Totality est un gros ratage qui ne satisfera que les novices extrêmes puisqu’il ne peut satisfaire ni les fans de KoЯn ni ceux de dubstep, le mouvement étant ici parodié. Asking Alexandria ont joué la sûreté de l’album remix ; peut-être que les ex-déjantés de Bakersfield auraient dû en faire autant…