L'engouement pour la scène belge permet à Ozark Henry de voir son 4e album distribué chez nous avec 1 an de retard (mais le précédent ne l'était même pas, il y a donc progrès). Le Courtraisien a de plus en plus des allures de metteur en scène ayant une vision précise de sa musique. L'homme excelle dans l'univers du studio, tout comme le disparu Merz ou Perry Blake auquel le Belge peut faire penser (surtout sur Vespertine). Pour The sailor not the sea, il est allé chercher Jaki Liebezeit de Can pour le son unique de sa batterie (où les pieds deviennent inutiles), tout comme Jah Wobble et son jeu de basse spécifique. Ce double choix de musicien est d'ailleurs symptomatique de l'album, aux accents percussifs, presque world (comme le dernier Zita Swoon d'ailleurs). Ozark Henry n'est tout de même pas totalement tombé dans la new wave world de Bel Canto encore dans l'esprit Real World. Mais cet arrière fond souvent rythmé permet de jouer sur le paradoxe car par ailleurs, la musique reste essentiellement feutrée et mélancolique. Il s'agit ici bel et bien de pop, dans sa version classe et maniériste (parfois un peu trop, écueil principal de la musique du Belge) où Ozark Henry, de formation classique semble avoir tout pensé. Audrey Riley, célèbre violoncelliste, tire son épingle du jeu, et Ozark Henry nous gratifie de textures électroniques, héritées du trip hop. En apparence, rien ne dépasse et Ozark Henry pourrait être classé dans la Variété Internationale (L'ombre de Sting plane ça et là)…En apparence seulement, car dans les détails, la complexité des arrangements et leur association originales font que The Sailor not the sea n'est aucunement un album lisse.