To Be Kind
7.5
To Be Kind

Album de Swans (2014)

Peut-on faire mieux ? Pouvons-nous pousser plus loin que ça ? Je pense que non. Car comme pour Soudtracks For The Blind, To Be Kind atteint des niveaux de rock, d’expérimentation et de puissance quasiment inégalés dans l’histoire du rock et plus généralement de la musique.


Après le ténébreux et obscur The Seer, débutant ce tryptique 2012-2016 (avec The Glowing Man en dernier) il est évident que Swans arrivait à son apogée, à son point d’orgue musical et que se serait probablement l’un des dernier grand chef-d’œuvre du groupe. Finalement, ce point d’orgue n’a pas été atteint par The Seer, mais bien par To Be Kind. Là où The Seer adoptait un ton très sombre (souvent un peu exagéré et manquant donc un peu de subtilité sur certains morceaux) par ses samples de voix et son ambiance très sectaires, très mystiques et intrigante, décrivant un monde perdant leur dieu, leur meneur absolu et se confrontant au malheur et au désespoir de leur monde.


To Be Kind est lui beaucoup plus brutal et minimaliste, il ne cherche pas à donner un aspect mystique et exagérer à sa musique mais va plutôt privilégier quelque chose de plus primaire, de plus simple. Utilisant des percussions lourdes, perçant les différents samples en cours, déformant certains sons et en les liens entre eux sans forcément de logiques, utilisant de longues phases de silence avant de repasser directement à une phase purement rock… Swans explore l’expérimentation du rock et du post rock jusqu’à l’amener à son paroxysme, tellement qu’il le conduit au fur et à mesure de l’album à son effondrement total.


Selon moi, l’album va explorer les thèmes de l’abandon, de l’individu, de l'enfance, de l’imperfection face à un manque considérable. Et ces thèmes sont selon moi liés avec ceux de The Seer et en est même la continuité directe, présentant la confrontation d’hommes face à un monde dépourvu de toutes croyances mystiques et réduits à leur propre condition universelle d’humain.


Encore une fois nous sommes en face d’un album extrêmement long, extrêmement riche et explorant pendant plus d’1heure 50min une nouvelle esthétique musicale du groupe. On sent vraiment une évolution dans leur musique et dans leur conception sonore qu’on peut comparer avec Soudtracks For The Blind, nottament par les long crescendos de plus en plus puissants et ascendants, provoquant un sentiment d’écrasement et de dépassement constant chez l’auditeur.


Cette comparaison est d’ailleurs visible dès Screen Shot, le premier morceau de l’album. Celui-ci ce constitue par un long crescendo composé principalement par une guitare, un rythme de cymbale venant en accompagnement et un son de percussion assez brutal et distinctes accompagné par d’autres samples de percussions plus imperceptibles.


Globalement ce morceau est radicalement différent de ce qu’a pu faire Swans avec The Seer dans le sens où on comprend directement qu’on est plus dans une composition très exagéré, avec des percussions et des voix qui partent dans tous les sens et tout le temps dans l’excès (en prenant Lunacy pour exemple de comparaison) pour, mais plus dans une espèce de trip très primitif et très simple paradoxalement, qui au cours du morceau va tous le temps gratter un peu plus dans la puissance et dans le dérangement instrumental. Jusqu’à arriver à un point de non retour où tous ce mélange et se détruit et s’effondre.


Dans ce sens, Screen Shot est bien plus efficace et bien plus équilibré car il permet de toujours garder l’attention de l’auditeur jusqu’au bout du morceau sans le noyer sous une vague de percussions et de samples comme le fait Lunacy ou 93 Avenue Blues par exemple.


Le morceau semble décrire par les paroles un sorte de vision globale et figé dans le présent, dépourvu de toutes les espèces de vices, de concepts et d’identité d’un individu. Le ramenant donc à sa qualité la plus primaire qu’est celui d’un individu, dépourvu de toutes formes de tentations, de défauts et de qualités.


« No pain, no death, no fear, no hate

No time, no now, no suffering

No touch, no loss, no hand, no sense

No wound, no waste, no lust, no fear

No mind, no greed, no suffering

No thought, no hurt, no hands to reach

No knife, no words, no lie, no cure

No need, no hate, no will, no speech »

To Be Kind, Screen Shot

Les paroles chantées par Mikeal Gira sont directement accrochées à la mélodie principal ce qui rend le tout très descriptif et très strict et austère. Et de cette austérité naît finalement un profond sentiment de brutalité dans les paroles et dans la voix, nous donnant presque des ordres à exécuter dans l’immédiat.


Le morceau transitionne ensuite vers Just A Little Boy. Dans ce morceau, Michael Gira rendrait hommage à une de ses idoles, Chester Burnett qui est un artiste de blues. On comprend donc toutes les influences au niveau de la composition globale du morceau. En effet le morceau est très lent, très calme, les percussions restent néanmoins très lourdes et l’ambiance générale du morceau pesante. Des vagues successives de samples de rires, de basses souvent déformées viennent rendre le tout très étrange et dérangent.


On ajoute à cela la voix de Gira qui ici est volontairement totalement distordue et totalement malsaine pour accentuer ce sentiment de dérangement extrême, il fait des arrêts dans sa phrase avant de reprendre quelques secondes plus tard, ses interventions ne sont pas forcément liées à la mélodie ce qui provoque un vrai sentiment de chaos au morceau.


Les paroles du morceau semblent être la réponse directe à celles de Sceen Shot. Tandis que le narrateur de celui-ci était le locuteur, donnant des ordres à exécuter dans l’immédiat. Le narrateur de Just A Little Boy semble être l’interlocuteur et probablement un enfant au vu des paroles, qui explicite clairement un malaise vis à vis de ce qui lui demande de faire le locuteur, il explique tout simplement qu’il ne peut fondamentalement pas s’expurger de toutes les principes individuels car selon lui, cela n’a aucun sens car il est tout simplement un enfant et qu’il a besoin comme tout les enfants d’être aimé.


Ordre du locuteur :


« Love! Now!

Breathe! Now! »

To Be Kind,Screen Shot

Réponse de l'interlocuteur :


« I'm just a little boy »

To Be Kind, Just A Little Boy

« I need love »

To Be Kind, Just A Little Boy

L’autre interprétation est évidemment celle de la naissance d’un bébé, qui est une interprétation commune aux deux morceaux mais qui adopte comme je l’ai dis avant deux point de vue différents. Celui de l’adulte (probablement le père ou la mère mais je ne suis pas sûr car encore une fois les paroles de Screen Shot sont très descriptives, froides et anatomiques et ne témoignes pas forcément d’un attachement maternel ou partenel)


« Love, child, reach, rise; sight, blind, steal, light

Mind, scar, clear, fire; clean, right, pure, kind

Sun, come, sky, tar; mouth, sand, teeth, tongue

Cut, push, reach, inside; feed, breathe, touch, come »

To Be Kind, Screen Shot

« Now I sleep in the belly of a woman

And I sleep in the belly of a man

And I sleep in the belly of rhythm

And I sleep in the belly of love

I sleep in the belly of oceans

I sleep in the belly of truth

I sleep in the belly of kindness

And I sleep in the belly of you »

To Be Kind, Just A Little Boy

Le troisième morceau, A Little God In My Hands se compose de la même façon que Sceen Shot, par un crescendo ascendant composé encore une fois sur la mélodie principale avec une batterie et un son de basse où vont se greffer d’autres instruments ou samples directement en accompagnement à la mélodie principal. La voix de Gira est chantée assez bizarrement, en faisant traîner les notes vers les aigus, changeant souvent brutalement de tonalité et de rythme à certains moments du morceau. Ces moments sont suivis par des immenses vagues sonores de samples, de cuivres s’écrasant et éclipsant tout le reste de la mélodie.


Les paroles du morceau semblent décrire les défauts et les faiblesses d’un dieu. En effet les paroles se moquent ouvertement de ce dieu, le présentant comme un espèce de « diamant en plastique » pour faire une analogie. C’est-à-dire qu’elles révèlent tous les vices, toutes les tentations, toute la haine et le mépris que ce dieu cache sous un masque de bonté, de pureté et d’amour éternel.


« Eye full of sun, hand full of mud

Oh universe: you stink of love!

Forever lazy

Forever crazy

Forever holy

Forever hungry

Forever hateful

Forever beautiful

Forever needing

Forever reaching

Forever stinking

Forever breathing

Forever growing

Forever leaving »

To Be Kind, A Little God In My Hands

A Little God In My Hands est donc un morceau qui va questionner sur la légitimité de croire en un dieu, sur notre rapport à se que montre et cache un individu, et va évidemment faire une critique très explicite de la figure du dieu en retirant tous ce qui est mystique, sacré en lui pour finalement ne montrer que sa simple individualité.


On arrive ensuite au 4ème morceau qui est probablement le meilleur morceau de l’album, un des meilleurs morceaux du groupe et dans mon top 3 de mes morceaux préférés de Swans (tous albums confondus). Bring The Sun/Toussaint L’ouverture est un morceau absolument colossal (plus de 34min) et qui est selon moi le point culminant de Swans durant cette décennie, car il va faire la synthèse total de leur esthétique de rock expérimental qu’il va pousser à son effondrement total, jusqu’à devenir un espèce de trip chaotique extrêmement minimaliste, presque ambiant où tous ce mélange soit dans des vagues de samples répétitifs, soit sous des phases brutales et directes de rock pur… Il y a vraiment un travail de la destruction et de déliquescence du rock durant ce morceau où on a vraiment l’impression que Swans essaye littéralement de tuer l’essence même du rock pour en faire une espèce de chimère indescriptible et totalement abstraite entre le rock, l’expérimental et l’ambiant.

Mais paradoxalement cette volonté de toujours repousser les frontières de son genre, d’aller toujours plus dans la simplicité, toujours plus dans l’universalité, eh bien on arrive à un stade où on est totalement emporté dans cette vision primaire et on est totalement transcendé (évidemment si c’est bien fait).


Et dans ce morceau tout est fait pour nous faire ressentir cette sensation de transcendance et de chaos. Le morceau alterne entre des phases extrêmement dur, extrêmement froide et écrasante, avec des percussions très lourdes et un rythme très hystérique, presque erratique (avec notamment l’utilisation de samples superposés entre eux de bruits de violons modifiés sur certains passages) et avec des phases beaucoup plus simple et contemplative, utilisant différents samples (un collage de son de bruits de pat d’un cheval, un collage d’un son d’un sorte de bruit de voie d’échappement, un collage d’un son de sifflet…). Les différentes phases transitionnent entre elles sois brutalement, sans aucunes préparations, sois au contraire par un crescendo ascendant qui culmine en un point totalement implacable souvent presque inaudible.

Plusieurs esthétiques sont aussi utilisés pour le chant de Gira. En effet, il y a vraiment une cohérence et une relation entre la voix et la partie instrumentale dans les différentes phases du morceau. Dans Bring The Sun, Gira va opter pour un chant très doux, très calme, très posé, faisant duré et planer les notes dans les phases les plus contemplatives et les plus simples. Ensuite lors des phases les plus durs musicalement, il va faire de même avec sa voix, adoptant un ton beaucoup plus exalté, beaucoup plus insistant. Et évidemment, lors de Toussaint L’ouverture, Gira va adopter je pense la meilleure voix possible pour ce genre de thème et ce genre de personnage. Il va adopter une voix extrêmement menaçante, presque animale qui vient massacrer le silence et la contemplation qui s’installait progressivement.


Les paroles du morceau sont assez abstraites mais le thème principal qui semblent en ressortir est celui de la dualité entre l’individu et la divinité. En effet dans Bring The Sun, on assiste à une espèce d’incantation cherchant peut-être à invoquer une figure mystique ou bien de ramener à la vie une divinité quelconque (faisant écho aux thèmes de The Seer) qui serait personnifiée en un soleil qui maintient en vie cette civilisation totalement obsédé par lui.


« Bring the sun, spins around and around and around

Bring the sun, spins around and around and around

Bring the sun, spins around and around and around

Bring the sun, spins around and around and around

Is it mine, is it mine, is it mine, is it mine

Is it mine, is it mine, is it mine, is it mine

Is it mine, is it mine, is it mine, is it mine

Is it mine, is it mine, is it mine, is it mine

Spins around and around and around and around

Spins around and around and around and around

Spins around and around and around and around

Spins around and around and around and around »

To Be Kind, Bring The Sun

Et pour Toussaint L’ouverture, les paroles sont encore plus abstraites. Déjà il faut bien comprendre les influences et la façon dont a travaillé Gira pour faire ce morceau et ces paroles. J’ai mis en-dessous deux réponse de Gira lors d’une interview concernant les influences de Toussaint L’ouverture (paragraphe 1) puis de la manière dont il a fait les paroles de ce morceau (paragraphe 2):

Haiti is just a fulcrum for everything horrible and good. It has this intense magical belief which is pretty amazing. And it’s been the subject of exploitation and violence since the beginning. But it was also the site of the first successful slave revolt. That slave revolt resulted in Napoleon needing money very badly and consenting to the Louisiana Purchase which changed the course of modern history. It’s a terrible place that capitalist pigs have exploited into ruin. And Haitians, of course, have exploited each other like all humans. 
Frankly, [the song] grew out of playing music and needing some fucking words. I started screaming “Toussaint!” and I came up with words that fit the phenomenon. It’s a very odd way to make music and not how I work usually, but it’s how we’re working more now. We’ll have these pieces or atmospheres and I’ll start screaming and it will eventually become a finished piece rather than writing something on acoustic. 

Michael Gira


Grâce à ça on comprend les différents enjeux des paroles. Elles semblent donc décrire une sorte de vision très violente de l’individu dans lequel celui-ci placerait tous ses espoirs en quelque chose de mystique et d’abstrait sans ce rendre compte de la réalité des faits, et la réalité du monde qu’il l’entoure. Toussaint L’ouverture met donc en scène un nihiliste espèrent simplement l’avenir, l’avenir d’un paradis terrestre, l’avenir d’une perfection totale mais qui malheureusement n’arrivera fondamentalement jamais.


Je vais parler rapidement du morceau suivant. Globalement, Some Things We Do parle de futilité de l’existence et des actions de l’individu qu’il présente comme quelque chose d’insignifiant et pauvre. Et ce thème est porté par une atmosphère très tragique, désespèrent, sans le moindre espoir en arrière plan pour bien montrer à quel point nous ne sommes rien et nous ne valons rien en tant qu’individu. La musique en elle-même renforce cette atmosphère avec l’utilisation notamment de violon et de la grosse caisse apportant une percussion beaucoup plus sèche. La voix de Gira est chantée avec beaucoup de détachement et de mélancolie.


Le 6ème morceau est lui beaucoup plus inattendu dans son sujet. She Loves Us est peut-être le morceau le plus crue de l’album car il explore avec des paroles vraiment immondes les thèmes de la sexualité, de la prostitution et du sexe triste. Et tous le morceau est fait pour nous représenter une scène de sexe que se sois par les paroles ou par la composition.


Au niveau de la composition, nous sommes sur quelque chose de très énergique, qui ne s’arrête jamais, chaque fois qu’un instrument s’arrête un autre prend la relève et se schéma se répète et se répète tout le long du morceau. Encore une fois on est sur un morceau très brutal, qui va encore travailler un crescendo mais cette fois si pour faire monter la puissance de cet espèce de rapport sexuel que véhiculent les paroles.


Mais le plus important dans ce morceau s’est la voix de Gira qui ici est chanté de tel manière à nous faire vivre littéralement ce rapport sexuel. Gira cri, répète des mots avec énormément de douleurs et de haines, semble être en pleine orgasme tout simplement.


Et ce la est logique par rapport aux paroles qui explicitent clairement des positions sexuelles et qui véhiculent une vision extrêmement dur et horrible du sexe. En abaissant littéralement la femme à une sorte de machine à baiser et l’homme comme un violeur pervers et dégueulasse.


« I am your girl

I am your son, son

Come to my mouth, wow

Come to my lung, oh »

To Be Kind, She Loves Us

« Fun fun fun!

Mau mau mau mau

Mau mau mau mau

Fuck fuck fuck fuck

Your name is fuck!

Your name is fuck! (Hallelujah! Hallelujah!) »

To Be Kind, She Loves Us

On passe ensuite Kirsten Supine sur lequel je vais passer très peu de temps car tout simplement ce n’est pas un morceau qui m’a particulièrement marqué et surtout je n’ai pas vu le film (« Melancholia » de Lars von Trier) qui a influencer la conception de ce morceau. Donc je ne vais pas pouvoir comparé les deux œuvres et parler de leur éventuelles convergences.


Le morceau est composé par un crescendo démarrant avec beaucoup de lenteur, avec une mélodie en arrière plan quasiment inaudible et qui se termine par . Gira chante avec beaucoup de calme et décrit une scène précise du film où le personnage de Kirsten Dunst est allongée nue près d’une rivière lors d’un clair de lune. L’essentiel des paroles vont exalter la beauté érotique de la femme en faisant beaucoup d’allusions à la nature, à Dieu…

Le morceau se termine par une vague répétitive de son de batterie avec un sample d’une sorte de bruit de violon modifié et déformé, des sons de cloches et un arrière plan purement ambiant probablement de basse. Pour finir par devenir un tout absolument incompréhensible et cauchemardesque.


Nous arrivons ensuite à un des morceaux les plus efficaces et l’un des plus brutal de l’album. Oxygen à été inspiré par Gira après que celui-ci est souffert d’une crise d’asthme très grave. Il en parle d’ailleurs plus en détail lors d’une interview :

Breathing and having a heartbeat are things that we’re completely not conscious of most of the time and take for granted. As someone who’s had severe bouts of asthma, I’m conscious of what it feels like to not be able to breathe. I was hospitalized for it. And this song was written after a particularly severe asthma attack. But now that I stopped smoking cigarettes, hopefully that will be gone.

Michael Gira


Ce morceau parle donc principalement du thème d’un manque fondamental auquel est exposé l’individu. Et dans le cas précis de ce morceau il s’agit de l’incapacité de respirer, qui est mis en scène d’une façon très décuplé, très exagéré pour accentuer ce manque qui est considérable. Toute la composition du morceau tourne autour de l’inspiration et de l’expiration, utilisant volontairement des instruments qui nécessites le souffle (utilisation de cuivres) en les greffant comme des coups de poings au reste de la mélodie principale (composée par un riff de basse). Celle-ci s’arrête souvent brutalement pour finalement repartir avec encore plus de puissance.

La voix de Gira est chantée avec énormément d’intensité, il va chercher encore une fois à nous faire vivre ce manque en simulant littéralement une suffocation à la fin de ses notes, en s’animalisant à certains moments du morceau pour nous faire ressentir la douleur que cela peut représenter.


Oxygen est vraiment terrifiant car il présente un manque universel que peut avoir un individu de la façon la plus efficace et la plus chaotique qui soit.


Nathalie Neal, le 9ème morceau de l’album est un hommage à la fille de Gira qui donne donc son nom au titre du morceau. Bien que le sujet soit plus joyeux et plus beau, celui de l’amour d’un père envers sa fille, il en reste néanmoins un morceau très riche musicalement qui n’épargne en aucun cas la douceur présupposée du sujet.


Son introduction est assez intrigante voir même inquiétante avec cette vague de samples très répétitifs et désagréables. Après cela le morceau bascule dans sa partie musicale, qui dans le cadre de l’album est assez attendus et assez classique. Selon moi, ce n’est pas forcément le meilleur morceau de l’album, il reste néanmoins très bien musicalement.


Et enfin, le morceau titre de l’album, To Be Kind. Probablement le morceau le plus important au niveau du sujet dont il traite qu’est celui de l’expérience qu’a un individu lorsqu’il est enfant. C’est-à-dire une créature pure qui voit le monde dans se qu’elle a de plus beau à ses yeux et non pas pas dans sa réalité la plus cruelle.


Et tout le morceau transpire cette pureté, dans sa première moitié surtout qui est purement ambiant, où il n’y a que un sample vague de voix modifié, totalement vaporeux et abstrait sur le quel Michael vient chanter avec beaucoup de douceur, comme une berceuse presque les paroles du morceau.


Les paroles se terminent d’ailleurs la même phrase répétée, qui est très lourde de sens par rapport au morceau mais aussi par rapport à l’ensemble de l’album :


« There are millions and millions of stars in your eyes

There are millions and millions of stars in your eyes

There are millions and millions of stars in your eyes

There are millions and millions of stars in your eyes »

To Be Kind, To Be Kind

Après cela, le morceau se termine par un crescendo travaillant surtout des rythmes de guitare chaotique comme si l’enfant, rêveur et contemplatif se rendait tout d’un coup compte de la réalité cruelle et froide du monde qu’il l’entour.


Pour conclure cette critique je dirai que cet album est parmi mes albums préférés de tous les temps car tout simplement c’est une prouesse musicale, émotionnelle, esthétique de tous les instants. Et je pense que jamais un album de rock (à part Soudtracks For The Blind) n’est allé et n'ira aussi loin dans l’expérimentation et dans le dépassement du genre.

Créée

le 31 août 2022

Critique lue 19 fois

Ayllich

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