Caca réchauffé et suicide artistique!
Green Day n'est décidément pas un groupe comme les autres. Leur son est reconnaissable entre 1000, malgré le fait qu'ils évoluent dans un genre aux codes relativements simplistes en terme de musique et de technicité. Et ces codes, Green Day s'est chargé de les expulser à grands coup d'inventivité dès leur album Nimrod sorti en 1997, comme la très populaire "Good Riddance (Time of your Life)" l'explique... Et de cet album est parti une étincelle, une évolution, qui emmènera le groupe vers des sommets artistiques, je veux bien sur parler d'American Idiot, chef d'oeuvre de leur discographie, suivi par un moyen 21st Century Breakdown utilisant la même recette en plus réchauffé que son grand frère...
Mais, bon, à la limite pourquoi pas? Après tout, pourquoi ne pas miser sur la réussite la plus récente pour composer un album? OK c'est facile, mais au moins on a un gage de qualité, et il est vrai que 21st Century Breakdown comportait quelques beaux morceaux (Le morceau titre, 21 Guns, Know Your Enemy, Viva La Gloria...) bref GD avait assuré un capital sympathie auprès du public... Mais pour ¡Uno! le groupe passe complétement au travers, et commet la bourde monumentale de réchauffer, que dis-je, de violer ses premiers albums. Le groupe commet là un écart bien plus préjudiciable que 21st Century Breakdown, et sort probablement son plus mauvais album...
Sèvére? Pas tant que ça, ¡Uno! est un album qui n'a clairement rien à dire, car Green Day n'a rien à prouver certes, mais cela ne doit pas signifier qu'ils n'ont rien à dire. Bien sur la musique et la production sont sympathiques, mais c'est tout, cet album est tout simplement ronronnant, c'est du punk rock en pilotage automatique. Ce manque d'inspiration est tout de même étonnant de la part du trio de Berkeley, quand on sait à quel point ils peuvent être talentueux tant au niveau de l'écriture qu'au niveau mélodique. En effet, on connaît tous les lignes de basses déjantés du sieur Dirnt, les riffs imparables de Billie Joe, et les breaks de folie signés Tré, mais ici, les trois joyeux lurons semblent être au chômage technique.
Vous l'aurez compris, cet album n'est finalement qu'une pauvre resucée de ce qui à fait la gloire de Green Day à ses débuts, à savoir les terribles Dookie et Insomniac, où l'on y trouvait une pléiade de hits, une énergie débordante et des mélodies bien entraînantes, rien de "génial" en soi, mais d'une efficacité redoutable et trop accrocheuses pour passer à coté, il n'y a qu'a voir l'effet que produisent les Basket Case et autres Welcome to Paradise en live pour s'en rendre compte.
¡Uno! reprend bien ces aspects des deux albums pré-cités, mais annihile l'esprit énergique qui les habitaient, et peine vraiment à enchanter l'auditeur. C'est un album sans âme, sans l'aura particulière qui fait que l'on est conquis par un album. Pas de frissons, pas de sursautements, aucune surprise, aucune magie qui opère. Aussitôt écouté, aussitôt oublié. Oh bien sur, "Nuclear Family" et "Carpe Diem" sont entraînants, "Kill the DJ" est originale (et encore, ressemble trop à du Offspring), mais ce sont bien là les seuls éléments positifs de cet album. Le riff de "Troublemaker" est un auto-plagiat de "Prosthetic Head" de Nimrod, le reste des compositions atteint un niveau de platitude rarement atteint chez Green Day.
C'est bien triste de ne pas pouvoir en dire plus sur les chansons qui composent le disque tant il n'y a rien à dire dessus. La musique de Green Day est en général calibrée pour plaire au plus grand nombre possible, sauf que là, on sort de l'écoute en hésitant: avons-nous passé un petit moment sympathique, ou nous sommes nous profondemment ennuyés? La réponse tendrait plutôt vers la deuxieme option en ce qui me concerne.
Green Day avec ¡Uno! sort le premier épisode d'une trilogie qui sent plutôt le paté (réchauffé donc), si l'on en juge la qualité intrinsèque de celui-ci. Si Green Day s'obstine à repomper de manière pathétique son répertoire des débuts, leur fin de carrière risque d'être bien ennuyante. Dookie et Insomniac sont justement imparables grâce à la jeunesse, l'envie et l'énergie naissante d'un grand groupe émergeant. Mais ici, Billie Joe Armstrong et consorts ne font que singer une époque révolue, et se ringardisent automatiquement. Bien dommage.