Waiting for the Sun
7.5
Waiting for the Sun

Album de The Doors (1968)

"Come on Baby, light my fire" : tu l'a dis, bouffi. L'ancien squatteur de toit, alternant entre LSD et Nietzche, se retrouve star planétaire et sex symbol. L'étudiant en cinéma ne fera pas du Godard, mais du clavier et de la basse simultanée. Et que dire des inspirations musicales initiales pour le batteur "Fanfare" et le guitariste "Flamenco"... The Doors a ouverts les fenêtres, le monde les a acclamé d'en bas. En ces jours étranges, attendons le soleil : n'est-ce pas là le signe le plus reconnaissable d'une position de légende d'or et déjà acquise ?
Pourtant, cette attente du soleil se déroulera sans étrangetés. Ils dévient et choisissent le chamanisme, la ballade, le flamenco, pressentant d'ores et déjà la fin de l'âge d'or psychédélique. Personne n'est réellement Junkie dans le groupe en plus... Morisson devient un chaman qui déjouent les rixes du physique humain, avec un "Not to Touch the Earth" transcendantal ou un "My Wild Love" plus artisanal, et plus modeste assurément. Manzarek tâte d'un piano rêveur, tel un "Love Street" que je trouve aussi réussi que "The peoples are strange" dans son registre. Krieger se fait plaisir et reprend en partie "Asturias" de Isaac Albéniz (référence très rock n'est-il pas), pour un "Spanish Caravan" en duo de guiatres, en confrontation d'époques, en rassemblement pur de musiciens grâce à Morisson qui s'efface enfin un peu. Densmore, lui, peut se lâcher sur "Unknown Soldier" et frapper le coup d'envoi d'un fusil qui ravagea tant et tant à la fois la victime et le bourreau. Bien sûr, un morceau comme "Yes, the River Knows", va sans doute trop loin dans l'exploration du groupe vers autre chose que son entre-soi, peut-être même n'est-il qu'un remplissage comme ils vont désormais y recourir... Mais c'est sans cesse rattrapé par un morceau unique en son genre. Le meilleur exemple étant le dernier titre, "Five to One": comment ne pas se poser de questions sur les coulisses d'un tel titre, comment ne pas fantasmer sur les conditions d'enregistrement, comment ne pas visualiser Morisson en plein démonstration de sa démesure personnelle ?
Mais déjà les choses se craquellent. C'est le dernier album où tous les Doors signent ensemble. Dans l'édition bonus, nous trouvons "Albinoni's Adagio In G Minor", où Morisson brille par son absence (ce thème même qui sera repris sur l'album posthume du groupe dédié à leur ex leader). Nous trouvons également l'intégralité de "The Celebration of the Lizard", qui vaut le coup d'oreille, car il montre toute l'ampleur de la direction qu'aurait pu prendre The Doors en tant qu'aspirations collectives. Mais si les aspirations individuelles peuvent aussi rendre des albums pareils, je signe aussi ! Cet album restera à part dans leur discographie, en étant la marque de l'avant et de l'après. Il ne restera plus que des larmes de whisky Irlandais pour pleurer par la suite dans les studios.

Billy98
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le 25 déc. 2019

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Billy98

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