Avec October, U2 avait fait un pas en arrière. Un groupe si jeune se devait de ne pas réitérer pareil échec. Sur la pochette, Peter Rowan a reçu des coups. U2 aussi. Rempli de rage et de frustration, U2 va pondre leur album le plus énergique, limite violent, de leur carrière ! Le thème de la guerre et de la violence n'a jamais été aussi présente en ce début des années 80. Reagan et Tatcher entrent en fonction et les conflits se multiplient, Afghanistan, Liban, Pologne,... et bien entendu l'habituel problème nord-irlandais qu'ils aborderont de main de maître !
U2 a des choses à dire, et ce dès le titre d'ouverture ! La batterie de Larry explose, rythme militaire, un ticket droit vers l'enfer ! Faut-il encore présenter Sunday Bloody Sunday ? Hymne fort sans être donneur de leçon. Car du haut de ses 22 ans, Bono a l'intelligence de dénoncer sans prendre parti. Pas question ici de propagandes clichées gauchistes à la Bertrant Cantat, destinées à une adolescence anar. Les thèmes sont sérieux et traités avec finesse ! U2 aborde le thème de la violence et la guerre sous toutes ses formes, le nucléaire sur le moyen Seconds, mais surtout New Year's Day qui sera inspiré du mouvement de Lech Walesa. Second tube universel ! Une intro au piano inoubliable et une ligne de basse incroyable font de New Year's Day un nouveau triomphe !
C'est un peu le soucis de War, ces deux tubes qui le sont encore aujourd'hui, font énormément d'ombres au reste de l'album. Un reste vaguant de très bon à très mauvais ! Like A Song est une réussite mais c'est surtout Drowning Man qui impressionne. Une mélodie pop douce et accrocheuse, un Bono au top de sa forme et une rythmique brillante font de Drowning Man le titre le plus sous-estimé des premières années U2 !
La face sombre du LP est le fait que les irlandais y ont laissé filtrer l'affreuse pop funky 80s. U2 s'essaie à un genre à la mode, mais qui ne leurs convient pas ! Et ca fait plutôt tache face à des Sunday Bloody Sunday ou des Surrender ! The Refugee fait partie du pire de la discographie de U2 (années 2000 comprises !) avec Red Light et sa chorale de nana impensable encore à l'heure du U2 d'aujourd'hui ! Ces titres superficiels auront même parfois droit à une sortie single, comme Two Hearts Beat As One, d'une platitude indigne pour le groupe !
Heureusement, le disque se conclut bien avec un Surrender aux airs de Bullet The Blue Sky avant l'heure (mais écoutez The Edge ! On se croirait déjà en 1987 !) et un "40" reprenant le gimmick de Sunday Bloody Sunday et ses How long to sing this song... conclusion parfaite d'album mais également de leurs concerts pour leurs dix années à venir.
Porté par les tubes et leurs clips vidéos respectifs sur la naissante MTV (aux antipodes des clips superficiels de Duran Duran) mais également grâce à l'incroyable performance aux Red Rocks capturé en vidéo (l'un des concerts VHS les plus vendus de la décennie), U2 sauve ses miches et s'impose enfin dans les charts du monde entier sans avoir vendu leur âme au diable ! Toutefois, ceci a un prix, l'album, trop inégal, ne tient pas sur la longueur...