War de U2 boucle la première trilogie des débuts 80 de façon magistrale. Moins spirituel et plus brutal qu'October, plus solide que Boy, cet album possède de surcroit les deux singles les plus célèbres des débuts du groupe, à savoir "Sunday Bloody Sunday" et "New Year's Day". L'énergie du groupe est phénoménale, et la production s'est fortement améliorée depuis trois ans. La batterie et les percussions sont plus violentes, et techniquement, les membres du groupe ont bien progressé, ça s'entend.
Mais plus que tout, ce War possède une très forte identité musicale avec un son global très aboutit. Il n'y a qu'à écouter le premier morceau du CD pour s'en convaincre.
"Sunday Bloody Sunday" est l'hymne d'une génération, un emblème qui sera joué dans absolument tous les concerts du groupe. Elle se reconnait rien qu'à son rythme militaire à la batterie, radical et sommaire, mais tellement bien trouvé. Elle permet de parfaitement rentrer dans l'univers violent et engagé de l'album.
La deuxième piste est "Seconds", dans la même veine que la première, avec des chœurs réussis, une guitare sèche qui lui donne un côté manouche et surtout cette même batterie sommaire et impulsive. On peut même entendre des femmes militaires chanter au milieu du morceau. C'est vraiment brillant et ça donne un charme inouï.
Avec "New Year's Day" à la suite, dont on reconnait le fameux passage au piano, on est comblé. Cette chanson est tout simplement un chef-d'œuvre, que ce soit dans sa structure, dans sa mélodie, ses refrains, sa tension constante. Et le solo de The Edge est d'une beauté à couper le souffle. Voila, même si c'est vrai qu'on l'a beaucoup trop entendue à la radio, ça reste un hit en puissance.
A peine se remet-on de se met croustillant de trois morceaux parfaits, qu'on enchaine direct sur un titre enjoué et tellement génial que les mots me manquent déjà pour le qualifier. Que dire, le chant puissant et solennel de Bono, mêlé aux riffs de guitares impressionnant de The Edge, aux breaks de batterie étourdissants de Larry, rah "Like a Song" est vraiment une excellente chanson. Et que trouve-t-on juste après ?
"Drowning Man", soit probablement l'une des toutes meilleures chansons de U2. The Edge le dit lui même, si il devait réenregistrer l'album, il retoucherait la plupart des titres sauf celle-ci, qu'il entend sonner à la perfection. Elle est posée, troublante, encore un chef-d'œuvre quoi. Et pus ce solo au violon électrique sur fond de guitare sèche, c'est magique.
Après une première partie sans aucune fausse note, War nous sert "The Refugee", l'une des plus sauvages, mais aussi l'une des plus médiocres de l'album. Sans génie, sans véritable éclat, elle sert par ailleurs assez bien l'album car elle reste bien dans le thème. On va dans le mieux avec "Two hearts beat as one", moins kitch et démontrant sa force lors des couplets. Mais elle reste un peu anecdotique. "Red Light" remonte difficilement la pente avec sa chorale de femmes un peu surprenante, et sa trompette légèrement hors-sujet. Mais elle reste sympathique à écouter.
Après trois chansons finalement assez vivantes quoique peu inspirées, l'album nous offre "Surrender". Sublime de bout en bout, avec des chœurs de The Edge merveilleux et planants. Sa voix d'ange correspond parfaitement au style et Bono reprend bien les couplets avec sa fougue habituelle. Musicalement, on atteint des sommets. C'est l'une des plus belles chansons de l'album.
Album qui conclut avec "40", qui contraste bien avec le reste puisqu'elle est encore plus douce et planante que la précédente.
War est donc un superbe album de U2, agressif et accessible, plombé légèrement vers le milieu la faute à des titres moins inspirés et plus kitchs. Peu importe, le reste est tellement d'un niveau excellent et l'ambiance générale est tellement géante, qu'il est impossible de dire qu'il ne s'agit pas d'un album incontournable de U2.