Après un All Hope is Gone peu inspiré qui nous avait ôté tout espoir du côté de Des Moines, nous avions retrouvé l'Hydre aux 9 masques en 2014, après le décès de son bassiste Paul Gray et l'éjection de son batteur,( ce qui aurait pu être la signature de son arrêt de mort), avec un surprenant cinquième album intitulé: The Grey Chapter.
Un album en partie boudé par un public déçu par l'orientation prise par le groupe parfois jugé trop mélodique avec le contrepied d'un Volume 3 après le bourrin Iowa, ou le manquant d'inspiration All Hope Is Gone.
Bref Slipknot divisait après dix ans d'existence, le groupe de metal avait été une sorte de sésame pour comprendre les codes d'un style pour une génération de kids de la fin du millénaire dernier.
Son public était parti chercher des sensations ailleurs en pensant ce cinquième album trop mainstream, dans la voie des précédents.
Or le groupe avait réussi à synthétiser la force de ses réussites passées:
La simplicité pour plus d'efficacité de son premier album en terme de rythmique, mariée à la hargne d'un chanteur inspiré dont le flow n'avait pas encore prouvé toutes ses capacités.
Quelques refrains mélodiques de qualité, de la place pour les percussions, samples et autres machines comme on avait pu l'entendre entre autre dans vol3 sans pour autant tomber dans certains systématismes.
Des interludes et autres morceaux courts intéressants, utilisant tous les membres du groupe.
En conclusion un album riche nous offrant le panel complet de ce que peut faire le groupe, mariant nouveautés et une forme de retour aux sources.
La mouture 2019 continue sur la voie tracée par le précédent chapitre, en commençant par une intro réalisée aux machines aux sonorités synthwave très actuelles, suivi derrière par le morceau Unsainted bien qu'efficace et étant du pur Slipknot de par ses rythmiques, refrains et breaks n'a que pour seule originalité les choeurs féminins: ça sonne mais on connait la recette.
Birth of the Cruel a une écriture bien plus intéressante, structure pensée différemment, grosse ambiance sans être obligé de pousser le tempo.
Death Because of Death est une interlude nous maintenant dans une ambiance malsaine comme le groupe sait les faire.
Nero Forte commence sur un riff pouvant nous rappeler un bon vieux Liberate, puis du Sepultura façon Roots: c'est lourd, il y a du groove, puis on tombe dans du refrain mélodique: classique, mais nous aurons l'occasion d'en reparler plus loin...
Critical Darling commence sur un riff rappelant les années Neo (Spineshank ça vous parle ?), ça rentre dedans c'est efficace et on part sur un refrain systématiquement mélodique, sans aucun côté sombre, un refrain à la Corey Taylor classique quoi. Un long break et on est reparti pour un tour complet: un peu long inutilement.
A Liar's Funeral commence sur une guitare sèche, en mode ballade mélancolique puis alterne avec un ensemble de guitares bien lourdes mid tempo accompagné de percutions. On est dans l'un de ces morceaux plus posés jouant sur la lourdeur et la mélancolie comme Slipknot nous en propose toujours au moins un par album et ça fonctionne, les dj's et percussionnistes mettent les bons accents là où il faut pour créer l'ambiance parfois malsaine et que l'on ressente la présence des neuf, le côté grosse machine en marche.
On repart sur quelque chose de plus speed et rythmé avec Red Flag, pour cette seconde moitié d'album. La structure de l'album est assez similaire à l'accoutumée, après nous avoir enchainé une introduction et quelque titres rentre dedans, on a ralenti le tout sur deux morceaux pour renvoyer la sauce à fond dès cette huitième composition. Ok pour une fois pas de refrain mélodique mais rien de très nouveau ou transcendant.
What's Next ? Une interlude plus ou moins inutile, juste là pour mieux amener la transition avec Spiders, un morceau un peu OVNI sur cet album, quelque chose de déjà vu mais pas chez Slipknot (certains penseront à du Mushroom Head, d'autres du NIN ou encore du Patton) mais ça fonctionne très bien ! Vous voyez les gars, changer un peu de vos recettes standards ça fait du bien. L'ambiance est là, les DJs s'éclatent, le chanteur aussi, les guitares sont en partie sans distortion et ce n'est pas pour nous faire de la sèche (un petit son à la The Cure ?).
S'en suit par Orphan, une grosse et longue machine de six minutes rentre dedans classique.
On comprend qu'un titre comme All Out Life n'est pas été mis sur l'album, ça aurait fait beaucoup trop de morceaux relativement similaires. Bien sur on calme le jeu avec un refrain mélodique, recette oblige.
My Pain est une chanson approchant les sept minutes, un truc très ambiancé, sorte de ritournelle maxi interlude malsaine pour les mateurs des diverses interludes et autres morceaux psyché de fin d'albums qu'a pu nous proposer le groupe tout au long de sa discographie.
Celle ci est enchaîné par Not Long For this World qui après une minute d'introduction très ambiancé va monter tout doucement comme nous le proposait déjà Gently sur Iowa en son temps, c'est bien fait mais n'apporte rien de transcendant non plus.
C'est là le souci, une bonne partie de We Are Not Your Kind a été construit dans son tracklisting un peu de la même manière que le précédent album. Rien d'instinctif, Jim Root et ses copains ont ouvert leur livre de recette et l'ont appliqué: merci aux DJs d'avoir apporté du nouveau tout de même.
Solway Firth en plus d'être bien écrite, prouve qu'une très bonne chanson de Slipknot n'est pas obligatoirement pourvue d'un refrain mélodique ! Hélas, il faut attendre la fin de ce sixième album pour arriver à celle ci.
Conclusion, personnellement je trouve que cet album a, en grande ligne, les mêmes défauts que vol3 en son temps: ses points forts se situent au sain de ses morceaux les plus calmes et autres interludes. Or on attend de Slipknot majoritairement une surprise du côté bourrin, le reste étant là pour alterner différents univers et ambiances, ne pas créer une lassitude au milieu d'un déversement de morceaux rentre dans le lard. Les riffs et constructions ressemblant tellement à ce qui déjà été fait et refait dans ce groupe, cet album sonne déjà entendu dans ses grandes lignes, bien sur des titres sortent du lot, mais faire un plus petit album avec un concentré du meilleur aurait été judicieux.