En 1994, la fratrie Gallagher voulait l'Amérique et ils ont fini par l'avoir l'année suivante, mais pas que...


(What's the Story) Morning Glory? avait la difficile mission de succéder au carton qu'était Definitely Maybe, cet album aux mélodies imparables et accompagnées de guitares mutantes. Morning Glory ne va pas seulement confirmer le talent de ces deux têtes à claques de Noel et Liam, mais aussi leur permettre de conquérir une audience plus large. Loin de se limiter aux États Unis, que le groupe cherchait à faire succomber depuis le précédent album, c'est une immense "hype" qui va les entourer. D'abord grâce à des frasques évidemment, dont une tournée Américaine qui se soldera par l'abandon de Noel Gallagher, préférant s'exiler au calme et loin de l'agitation que provoque son frangin.


Très bonne idée de sa part. Il en profitera pour écrire de nombreuses chansons, qui seront la majorité des titres qui composent ce disque, ainsi que d'autres perles qui seront injustement reléguées en face-B (dont "Talk Tonight", évoquant cette période difficile alors que Noel était hébergé par une fan du groupe).


Si j'écris une tartine sur le contexte historique, ce n'est pas seulement parce que j'aime m'intéresser aux anecdotes, c'est qu'elles ont joué un rôle important sur la composition de Morning Glory.
Definitely Maybe était surtout un disque de grosses guitares, construit comme une usine à tubes. Cet album l'est aussi, mais le déroulement est différent: avec une ouverture, des moments pour briller et des transitions pour rendre le tout cohérent (les deux "Swamp Song").
Bref, malgré une forme différente (un son plus lisse et un côté acoustique plus prononcé), le fond reste invariablement le même et c'est tant mieux. Le monde entier (re)découvre le songwriting direct et efficace de Noel, Liam est plus hautain que jamais (sacré "Roll With It" ou le parfait "Some Might Say")... Tout cela ne signifie qu'une chose: l'Angleterre a enfin trouvé ses héros des 90s.


Oasis ressuscite le patrimoine musical Anglais en le modernisant via le son de l'alternatif (comme les guitares à moitié shoegaze de "Hello" ou le mur de son ahurissant du morceau titre). Mais c'est aussi par ses quelques balades, que le grand public pourra mettre enfin un nom sur "ce type qui porte des lunettes à la John Lennon" avec les fameux "Wonderwall", "Don't Look Back in Anger" (première chanson chantée par Noel sur un album) ainsi que le feu d'artifice musical qu'est "Champagne Supernova" (avec son solo joué par Paul Weller himself).


Les détracteurs du groupe diront que cela regorge de plagiats, comme d'habitude. Notamment l'intro de "Don't Look Back in Anger" qui pompe le "Imagine" de vous savez qui ("Et alors ?" répondra ce sacré Noel), ou encore un emprunt moins connu sur le "Bonnie & Clyde" de Serge Gainsbourg, qui n'est autre que le fameux accord de guitare de "Wonderwall" !


Des larcins qui passeraient mal chez d'autres artistes mais qui donnent encore plus de sympathie à Oasis. Puisque ces derniers offrent toujours une version différente de l'originale, souvent aussi bonne que cette dernière et parfois même meilleure (comparer la chanson de Gainsbourg à leur version si vous ne me croyez pas) !


Tout le monde se sent obligé de se prosterner devant le talent des Gallagher en ce milieu des 90s (que ce soit le public ou les critiques), puisqu'ils réussissent à vendre des millions de CD, sans pour autant se trahir, avec cet album parfait de pop rock. Tant pis si leur verve se révèle acide, elle est justifiée à cette époque et cela durera bien au delà de ce soit disant déclin qui arrivera avec l'album suivant.


Morning Glory est peut être l'album le plus emblématique de ce qu'on appelait la Britpop. C'est aussi un de ses sommets, aux côté de l'album des La's, Dog Man Star, His 'n' Hers et autres Attack of the Grey Lantern.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
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le 20 août 2015

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Seijitsu

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