The Top 2 ?
Après un Wish sympathique mais un peu plat, les Cure nous sortent en 1996, un disque très (trop ?) varié, limite bordélique, qui s’égare sur bien des pistes… Wild Mood Swings, dixième album des Cure...
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le 4 sept. 2012
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Je me souviens qu'une nuit j'avais rêvé que les Cure avaient sorti un mauvais album. Ce rêve doit dater de début-96, alors que j'étais tombé dans la potion depuis quelques mois, et que je devais sûrement appréhender la sortie du nouvel opus. "Mauvais disque", ça ne leur était alors jamais arrivé, certes "The Top" avait suscité des réactions partagées, et les vieux fans ronchons avaient boudé "Wish" (et certains même "Disintegration", si, si!), mais The Cure possédait encore au mi-temps des nineties une aura immaculée, transcendant les genres et les modes. Pourtant "Wild mood swings" marquera une nette rupture qualitative, et va décevoir une bonne partie de ses (nouveaux) fans.
De l'eau avait coulé sous les ponts depuis les dernières livraisons discographiques du groupe. Le paysage musical avait évolué des deux côtés de l'Atlantique, la grosse vague alternative avait fait son chemin, le Gangsta-Rap et le RnB conquis les charts US et l'Angleterre avait craqué pour la Jungle, le Trip-Hop et la toute puissante Britpop. Le monde de Cure avait également subi quelques tempêtes: Procès contre Lol Tolhurst et départs successifs de Boris Williams et de Simon Gallup (qui se ravisera six mois après) durant l'année 94. Le groupe est alors réduit à deux (Robert et Perry) et décide de s'atteler à l'écriture du nouveau disque dont l'enregistrement et la sortie ne seront sans cesse repoussés. Robert contacte alors Roger O'Donnell, oublié depuis l'an de grâce 1990, afin qu'il fasse son retour parmi Cure, et rattrape Simon au passage. Pourtant la partie n'est pas gagnée, le groupe compte auditionner quelques batteurs, et ce seront finalement quatre d'entre eux qui finiront sur le disque, le grand gagnant s'appellera Jason Cooper et prendra officiellement la route dès le début de l'année 95. Après une tournée estivale, le premier nouveau single du groupe "The 13th" sortira en avril 96. Ce morceau va rebuter et effrayer un paquet de monde: Si les deux morceaux sortis depuis deux ans, à savoir l'excellent "Burn" et "Dredd song" respectaient le dress-code tout-en-noir de Cure, le nouveau titre paraît totalement hors-sujet, avec son faux-air de "The Caterpillar" à la sauce cuivres Mariachi. Et même si les trois faces-b restaient de très bonne facture, c'est avec la peur au ventre que j'allais découvrir l'album.
Il me fallu un paquet de temps pour digérer la bête. Je me souviens que pas fou, j'avais décidé de jeter une oreille avant achat, c'est donc sur une borne-casque des Nouvelles Galeries (et oui, ça se faisait comme ça en cette époque pas si reculée) que se fit ma découverte. Le disque commence par une merveille: "Want", dernier grand classique du groupe, Robert sait caresser son public dans le sens du poil, avec brio, émotion et nostalgie. Puis vient une purée sonore nommée "Club America", dans laquelle Robert chante avec sa "voix américaine" comme il le dit (celle de "Homesick" et de "Harold and Joe"), une histoire sordide sur une boîte de nuit, le morceau n'est pas mauvais en soi mais a quoi de surprendre en deuxième position de l'album. "This is a lie" replonge dans le dramatique avec ses arrangements acoustiques accompagnés d'un quatuor à cordes assez réussi. Puis, on passe au déjà connu "The 13th", "Violentes sautes d'humeur" ("Wild mood swings") c'est pourtant marqué dessus, on aurait dû être prévenus. Alors, au lieu de vous présenter ma découverte en temps réel, je devrais plutôt classer cet album par thèmes.
Il existe deux types d'albums de Cure: Les albums d'humeur avec une atmosphère unie ("Faith", "Disintegration", etc...) et les autres, au rang desquels figure "The Top", album autant divers que discuté, en rupture totale avec ce qui l'avait précédé. Et c'est avec cette lecture qu'il faut comprendre le disque. Robert avait commencé par pondre un paquet de morceaux comme il savait le faire, c'est-à-dire dans la veine passionnée et mélancolique, mais ce dernier avait justement décidé que le tout sonnait "trop Cure" et voulait innover. Il choisit donc un tout nouveau producteur, Steve Lyon, et invita un paquet de musiciens à rejoindre l'aventure: Cuivres, cordes, sitar et les fameux quatre batteurs précédemment auditionnés.
Cet album est donc un patchwork comportant un certain nombre de morceaux acoustiques et mélodramatiques, dans la veine de Nick Drake, souvent accompagnés de cordes, ce sont en majorité les plus réussis: "This is a lie", "Jupiter crash", "Numb" (morceau génial, composé pour Billy MacKenzie, leader des Associates, alors en très mauvaise passe avec la drogue), "Treasure" et "Bare" qui clôturent tout deux le disque de manière magistrale. Il y a également les morceaux électriques: "Want" est génial, "Club America" plus mitigé et "Trap" est une petite tuerie. Les pop-songs sont assez inégales: Le single "Mint Car", "Round & round & round" (pas si mauvaise qu'on le prétend) et "Return" que n'ai jamais vraiment aimé. Enfin, viennent les bizarreries, les plus décriées, et toutes trois choisies en single: "The 13th", que pourtant j'affectionne, le pas très bon "Strange attraction" et le jazz d'ascenseur "Gone!" qui possède quand-même de très bons arrangements cuivres.
Au final "Wild mood swings" avait tout pour être un bon disque, mais le track-listing et surtout le choix des singles ont été tous deux catastrophiques. Je rêve d'un univers parallèle dans lequel certaines faces-b auraient été incluses (du genre "It used to be me" ou "Adonais") et des morceaux comme "This is a lie" ou "Jupiter crash" auraient été les singles. Mais bon, on ne refait pas un Robert Smith qui s'est entêté dans sa prise de risque. En rétrospective, "Wild mood swings" n'a pas trop mal vieilli, malgré ses nombreuses erreurs et son côté décousu, le côté nostalgique qui parle au plus profond de soi est toujours présent sur la majorité des titres. A découvrir si on est déjà fan.
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Créée
le 30 déc. 2023
Critique lue 27 fois
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