J'ai perdu l'habitude de poster des critiques ici pour pleins de raisons mais la première reste que, en vrai, j'ai la flemme.
Mais bon, j'ai des trucs à dire et je pense qu'un thread Twitter c'est pas assez.
Fujimoto, c'est mon auteur manga préféré avec Oda, mais par facilité j'ai tendance à dire que c'est mon auteur de manga préféré tout court vu qu'il a une oeuvre plus "grande" que celle d'Oda et que j'ai une vision d'ensemble sur celle-ci.
Chainsaw Man c'est peut être mon deuxième manga préféré, Look Back et Goodbye Eri des oeuvres que j'aime et admire, et bon, j'ai toujours pas lu Fire Punch mais askip c'est stylé, ça a l'air d'être stylé, alors admettons-le : c'est très probablement turbo stylé.
Aussi je ferais pas de critique récit par récit de 17-21 parce que mes appréciations personnelles ne rentrent pas vraiment en compte, c'est dans sa globalité que ça m'intéresse parce que je pense sincèrement que Chainsaw Man est l'oeuvre somme de Fujimoto, et que tout ce qui fait de Chainsaw Man ce qu'est Chainsaw Man se trouve déjà là.
L'absurdité du réel qui mène vers le cynisme et le désabusement, la lutte face à ce cynisme (L'amour est aveugle illustre à merveille selon moi le fondement même de l'oeuvre de Fujimoto, et reste mon histoire préférée du recueil même si il manquerait l'exubérance de Deux poules au fond du jardin pour en avoir un portrait véritablement concret). En somme, comme le dit si bien le site espritotaku.fr (sigh.) dans sa critique du recueil, Fujimoto est un obsédé de la nature humaine et il aime à s'attarder sur cette capacité qu'on a à se battre même si c'est perdu d'avance. La persévérance face à l'impossible qui fait ressortir le meilleur de chacun.
Et puis Fujimoto il aime bien parler de l'art. Dans Shikaku, Yugel a le même rôle que Eri dans le one-shot éponyme : cette figure du vampire, analogie cinématographique par excellence, pilier du fantastique, représente l'échappatoire du personnage principal, un refuge dans et grâce auquel il peut se construire de façon saine et sereine. Le fantastique est cette notion qui dépasse le domaine du possible, qui rentre dans l'impossible pur. C'est cette envie d'impossible qui nous pousse à aller de l'avant. L'art est bénéfique, et, si je peux me permettre une analyste un peu gauchiste, l'art mène à l'émancipation de l'individu du système opressif dans lequel il se trouve.
Fujimoto, j'ai tendance à vouloir le voir comme profondément marxiste, j'aurais du mal à juger de la portée politique concrète de chacun de ses récits, mais au vu de la vision du système capitaliste qu'il dépeint dans Chainsaw Man, bon, j'ai tendance à penser que le gars pense un peu à gauche. Y a des bribes de ça, surtout dans Élève Sasaski, et ça fait toujours plaisir à voir.
Donc ouais, au final, si le but du recueil c'était de nous montrer les débuts de Fujimoto, à l'orée de ses travaux passées on peut affirmer que le gars avait déjà beaucoup trop de talent pour un pauvre boug de 17 ans. Un mec qui fait du manga par passion mais conscient que c'est aussi pour survivre, qui infuse cette volonté de survivre et d'avancer, jour après jour, dans chacune de ses histoires, dépeignant un univers cruel et sans pitié au milieu duquel parvient quand même à éclore le bonheur et l'amour. La technique est tremblante, le style indécis, mais la précision du récit, le découpage, ses tics de mise en scène sont déjà bien là, et esquissent l'artiste majeur qu'il finira par être.
En gros j'ai bien aimé quoi.