« Spirou, voici le vaisseau du désert transformé en pétrolier ! »
Un premier album patchwork, en fait pas le premier du tout, puisque Franquin n’en est pas à son coup d’essai, et que Spirou connait déjà ici son troisième dessinateur en une douzaine d’années. Quatre histoires inégales : depuis l’incontournable combat contre Poildur et l’aventure délirante en Afrique, en passant par une histoire de robot assez moyenne, pour finir sur un family strip pas bien inspiré autour d’un cheval adepte des sauts de grenouille...
On appréciera, dans l’intrigue africaine, des références bien vues au Spirou de Rob-Vel des années 1940’s : principalement l’aventure de Spirou au Congo belge, mais aussi son incroyable escapade dans l’espace qui l’amena à devenir roi de la planète des Zigotos (si, si, Spirou a fait ça ... aussi !). Bref, un joli coup de chapeau envoyé par Franquin au créateur du héros rouquin.
Côté graphismes, le découpage est daté, archi-classique et sans fantaisie : mais surtout, les vignettes sont minuscules et étriquées, chaque planche comptant en moyenne quinze cases (5 strips par page !). En revanche, dès qu’on jette un oeil à l’intérieur des vignettes, le talent de Franquin est incontestable : pour l’époque, les perspectives sont originales, et les expressions globalement bien réussies. Seuls les décors pèchent un peu par leur absence de détail, notamment dans la première aventure, celle des plans du robot (en arrière-plan, ciel bleu ou campagne verte, rien de plus).
Pas le plus excellent des albums (loin de là, même), mais ces Quatre Aventures de Spirou et Fantasio se laissent lire avec bonne humeur. Néanmoins, à elles seules, elles ne suffiraient pas à expliquer le succès fulgurant de la série : alors il est bon se rappeler que sous ses airs de premier album, cette BD reprend en fait un héros lancé depuis une bonne décennie, et déjà très célèbre.