Après un court prologue au cœur du couloir de la mort duquel un condamné enfermé ne réussit à s’échapper que pour se faire faucher sur la route par un survivant acharné en voiture l’ayant pris pour un zombie, la narration suit Sam, grassouillet survivant solitaire et désespéré, en quête de sa fille dans les décombres de Seattle. Il rencontre alors Josh, jeune garçon d’une dizaine d’années et
tous deux se raccrochent à la vie l’un l’autre,
reprennent espoir ensemble.
Bientôt, une caravane de bateaux accoste au port, menée par Serge Lapointe, ancien acteur de films d’horreur. Lui et ses hommes amassent dans les grandes villes autant de provisions et de médicaments que possibles avec l’idée de s’embarquer pour une île d’où reconstruire l’espoir, un nouveau point de départ pour des survivants éprouvés.
**Olivier Peru** a lu *Walking Dead*, c’est indéniable, les inspirations sont nombreuses, il a vu nombre de films également. Son scénario tient la route agréablement entre suspense, humour et espoir, aborde les questions de la survie, de l’animalité et de l’humanité, des instincts et des erreurs, mais manque d’originalité en marchant trop souvent dans les pas de ses nombreuses références. Le duo père et fils, le chapeau vissé au crâne de Serge Lapointe, le camion blanc pour le sac d’un supermarché, les mécanismes de méfiance et d’organisation, le leadership silencieusement accepté du comédien. De trop nombreux ingrédients empruntés… Cela dit l’essentiel est là : sourires, angoisses, surprises et émotions,
la narration est efficace, rythmée et entraînante,
l’album se lit avec plaisir.
D’autant plus que le dessin de Sophian Cholet est admirable. Trait fin et vif, dessin dynamique, un montage de larges cases aux élans cinématographiques, une maîtrise de l’alternance des grands espaces et des portraits serrés, une splendide double-page d’angoisse. Les couleurs de Simon Champelovier, sombres pour les décors, vives pour les personnages et pour l’action, renforcent
l’impression d’un univers cohérent,
c’est très agréable, beau et plaisant dans les portraits autant que dans les paysages, naturels et urbains, ou dans le gore.
Zombies n’offre certes pas la densité narrative et l’intense dimension humaine de son inspiration Walking Dead, mais s’en approche furieusement dans l’envie et s’en nourrit avidement. On peut regretter que des artistes français, tellement occupés à l’hommage des classiques, ne situent pas leur épopée en Europe et continuent d’alimenter une culture tournée vers l’Amérique, malgré tout La Divine Comédie ouvre une intéressante série en racontant une histoire qui ouvre sur une suite autant qu’elle se clôt seule, emportant le lecteur avec délectation dans un flot d’horreur et de chairs putréfiées, et divertit tout en émouvant avec intelligence, amenant ce même lecteur à réfléchir sur la nature humaine, sur
les vastes et innombrables enjeux de la vie,
cette divine comédie.