Midi-minuit
6.4
Midi-minuit

BD (divers) de Doug Headline et Massimo Semerano (2018)

Voilà un album pétri de belles et bonnes intentions. Une sorte de "revival" du giallo, ces fameux thrillers italiens dont les plus belles bobines ont été réalisé par Mario Bava, Dario Argento ou encore Sergio Martino pour ne citer que les plus connus. Une bande dessinée sur une période de cinéma hélas révolue qui se déguste plutôt comme une sorte d'hommage documentaire plutôt que d'y dénicher une histoire digne de ce nom; qui n'est ici qu'un prétexte pour refaire un historique du genre. L'intention (un brin nombriliste) est donc louable; mais l'intérêt plutôt limité... sauf, peut-être, pour les aficionados qui auront très certainement du plaisir à cette lecture (ce fut mon cas!). D'autant plus que la BD est superbement illustrée avec un grand nombre d'affiches d'époque dans les annexes. Dans l'édition "Collector" de cette BD, vous aurez même droit à une dédicace de l'auteur sur une revisitation plutôt réussie du poster de "Profondo Rosso".


Pour ce qui est du scénario de ce "Midi Minuit", il se savoure plus dans les détails que pour son suspense plutôt pépère. Les nostalgiques du genre apprécieront toutefois les nombreux clins d'oeil faits à cet univers très codifié, en plus d'une leçon particulière de cinéma qui ne fera de mal à personne... Il est maintenant plutôt regrettable que les dessins de cette oeuvre ne soient pas aussi soignés que les fameux posters d'origine que les auteurs sont censés représenter. Alors que l'esthétique du giallo est l'un de ses points forts, cette bande dessinée fait l'impasse sur un visuel ultra-leché qui est ici plutôt simpliste... pour ne pas dire enfantin. Je me suis même demandé à plusieurs reprises à quel lectorat ce "Midi Minuit" s'adressait réellement! On appréciera néanmoins l'apport des péripéties journalistiques dont l'un des investigateurs n'est nul autre que le "célèbre" Christophe Lemaire (on ressent le vécu et la pléthore d'anecdotes véridiques à mesure des pages tournées) dans une enquête "pour de faux" sur les traces d'un vieux cinéaste de genre italien oublié de tous si ce n'est des fans à part qui cherchent à le réhabiliter. Un peu l'histoire de la vie de nombreux cinéastes "bis" qui n'auront finalement eu droit à leur heure de gloire à une époque bien tardive. Une bande dessinée à consonances presque autobiographiques qui en font bien plus qu'une bd, même si l'aspect visuel n'est pas une très grande réussite. Un album majoritairement pour les fans hardcore. Intéressant mais de loin pas indispensable. Si elle peut insuffler un semblant d'intérêt à un possible lectorat curieux et aventureux, jetez-vous surtout sur les oeuvres de références. Vous allez prendre votre pied! Tout ça m'a surtout donné envie de revoir "Sei donne per l'assassino", oeuvre matricielle incontournable d'une beauté à couper le souffle! Ce fameux souffle qu'il manque indéniablement à cette bande dessinée. A lire, néanmoins!

cinephiliquement
6

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le 29 juin 2018

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