... un seul tome avant que la série ne se termine. Le temps file et le manga de Yoshitoki Oima avec. Changement est le mot qui me semble résumer le mieux ce nouveau tome.
Changement dès la couverture où seule Shoko apparaît. Shoya est le grand absent sans pour autant disparaître de l’intérieur du tome : sa présence est plutôt indirecte et il inspire nombre de réflexions et de pensées aux autres personnages. Et puis il y a ces dernières pages qui nous redonne un peu de baume au cœur tant les pages qui précèdent ne sont guère joyeuses.
Changement dans les titres des chapitres aussi, avec une majorité qui se réfère aux nom et prénom d’un personnage. Nous creusons davantage la personnalité des protagonistes, en dehors des seuls Shoya et Shoko. Ce n’est pas nouveau mais la manière dont cela intervient, le contexte, si. Où l’on voit que les interrogations qui rongeaient Shoya, les souffrances muettes de Shoko sont partagées par d’autres. Chacun, à sa manière se retrouve face à un ensemble de questions concernant son passé, ses doutes, la manière dont il est perçu... Le geste de Shoko à la fin du tome 5 aurait-il pu être accompli par d’autres ?
En parlant de Shoko - une petite digression - , quatre éléments au moins sont à signaler :
- D’abord du côté de la communication : on la voit utiliser son cahier et les autres personnages aussi. Enfin une communication qui dure (même un petit moment) peut s’instaurer ! Shoko est moins en marge ; on pourrait y voir un retour en arrière (cf. les efforts qu’elle a fait pour déclarer ses sentiments à Shoya) mais le positif est plutôt de rigueur.
- Ensuite, un chapitre permet ENFIN de voir un petit peu le monde avec les yeux de Shoko. C’est une dimension qui intervenait un peu dans la lettre écrite à Naoya mais cette fois nous voyons enfin ce qu’elle voit. J’ai été fortement touché par cet élément et l'innovation visuelle associée : effacer le haut des lettres (+ enlever des lettres aux paroles prononcées).
- Confirmation du fait que Naoya ne peut pas l’encadrer notamment parce qu’elle soupçonne que Shoko veut sortir avec Shoya. Et comme Nao’ aime Shoya il y a un problème. Ce triangle amoureux, déjà esquissé précédemment éclate au grand jour justement parce qu’un des protagonistes est sur la touche.
- Et puis il y a son geste. Le volume ne se perd pas en explications longues. C’est parfait. Finalement on n’a pas besoin d’avoir des phrases et des phrases. Par le dessin, tout ce qui précède on comprend pourquoi elle a fait cela. Il n’y a pas à en dire plus et l’équilibre du manga est parfait sur ce point (comme sur bien d’autres).
On pourrait aussi évoquer les changements du côté des personnages : la soeur de Shoya est aperçue à l'occasion d'une case ; certains amis de Shoya reparaissent, un instant, sur les radars ; la maman de Shoko défend sa fille - surtout quand elle se voit adresser des propos qui évoquent son passé - ; la liste pourrait encore être allongée. Ce qui est fort c’est que l’on ressent leurs émotions, ce qui est contenu dans les pages, ce qui filtre à travers le dessin... tous ces éléments se conjuguent pour nous faire partager les émotions contenues au fil des planches. On ne sur-joue pas, il n’y a pas de fausse note. Les pages défilent et l’intrigue avance en même temps que les points de vue des personnages défilent. C'est beau.
A la lecture de ces éléments, les émotions et les questions se mêlent dans notre esprit : Shoya gardera-t-il un handicap (ce qui le rapprocherait de Shoko) ? Quelle conclusion sera apportée à cette histoire, qui puisse nous faire autant vibrer par rapport à ce que nous avons pu lire - dévorer - jusqu'à présent ?
On referme ce tome animé d'une question qui pourrait bien être certitude : et si la sortie du sixième tome de la série A Silent Voice était l'événement de cette semaine ?