Alors, tout tombe : Seconde partie est le titre du dernier album en date de la série de bandes dessinées Blacksad. La qualité et le succès de cette saga fait de chaque nouvelle parution un événement non négligeable dans l’univers du neuvième art. Cette série est le fruit de la collaboration du scénariste Juan Diaz Canales et du dessinateur Juanjo Guarnido. Je suis tombé sous son charme dès le premier opus Quelques parts entre les ombres lu il y a presque vingt-cinq ans. Avant d’entrer pleinement dans ma critique, je me dois de préciser que ce septième acte des aventures du charismatique détective est la deuxième partie d’un diptyque débuté dans l’album précédent.
John Blacksad est embauché par Kenneth Clarke, président du syndicat des travailleurs du métro. La mafia souhaitant prendre la main sur la structure syndicale a engagé un tueur à gage pour le faire disparaitre. Notre héros est donc missionné pour mettre la main sur le tueur avant qu’il mette son plan à exécution. L’enquête menée par le félin lui permet de faire un lien entre la menace subie par son client et un projet d’autoroute aérienne chapeauté par un certain Salomon. En effet, ce dernier semble commencer à semer des cadavres autour de lui…
La série se caractérise par son atmosphère de polar noir. Ce nouvel épisode n’échappe pas à la règle. On retrouve la magie de ces grandes villes américaines. Le jour, la vie est riche et colorée. Quand la nuit vient à tomber, l’ambiance de ses bas-fonds est plus crasseuse et inquiétante. Le travail graphique sur les décors et les couleurs est exceptionnel. Cela permet de proposer au lecteur une immersion sensorielle d’une jolie intensité.
Il me semble indispensable d’avoir les événements du premier chapitre bien en tête avant de débuter la lecture de cet album. Dans le cas contraire, il serait en effet compliqué de s’approprier les interactions riches et complexes entre les différents protagonistes. La première partie de l’histoire avait fait naitre plusieurs pièces de puzzles aux formes floues. Ce nouvel ouvrage permet d’en clarifier les contours et de former ainsi petit à petit « the big picture ». La maestria avec laquelle Juan Diaz Canales arrive à articuler ces engrenages scénaristiques est une nouvelle fois remarquable.
La trame s’appuie sur les codes classiques du polar. Elle ne cherche pas à s’en cacher. L’histoire est captivante et pleine de rebondissements. C’est une lecture passionnante sublimée par la magnificence des illustrations. La qualité de l’ensemble s’inscrit clairement dans les habitudes de la série. Il s’agit de mon point de vue d’un excellent opus qui rend hommage à toute la mythologie du film noir et de la littérature du même genre. Nul doute que les adeptes du genre sauront apprécier cette lecture qui devrait, sans nul doute, les captiver.