Cette BD sur Anaïs Nin a deux avantages principaux. Tout d’abord, par son jeu d’Aquarelle, en finesse, elle se démarque de beaucoup d’œuvres modernes «à la palette graphique », qui peuvent évidemment être intéressantes, mais qui se distinguent souvent trop peu des autres œuvres du monde.
L’avantage second, évident pour moi, surtout dans une biographie, est de faire découvrir Anaîs Nin. Ecrivain prolifique, en avance sur son temps, notamment sur le sujet érotique, mais tout à fait ancré dans son époque du Paris du début du siècle (ésotérisme, début de la psychanalyse, …). On découvre aussi l’importance du journal pour l’époque, tout comme nombre de contemporains (Jules Renard entre autre).
Enfin, comme souvent, l’écueil est malheureusement classique. La BD est, volontairement ou malgré elle, militante. Forte du féminisme moderne, elle lie l’ensemble des actions du passé au regard actuel, ajoutant ici ou là, des petites remarques ou jugements anachroniques par la voix du personnage principal. C’est par ailleurs particulièrement dommage ici, ou l’on présente une femme forte (oui), en montrant sa vie, avec ses hésitations, ses pauses, ses soutiens, montrant dans les faits que, pas tant que ça. Mais c’est un peu oublié, alors qu’un peu de contextualisation aurait largement suffit.
Cette réécriture de l’histoire (ou déconstruction selon le vocable à la mode) n’est ainsi au final pas particulièrement glorieux, surtout pour une artiste qui, au final, n’en avait pas besoin.
Cependant, au final, l’objectif de toute biographie est de s’intéresser à une personne et à son œuvre. C’est ici, pour moi, un pari réussi. A redécouvrir un peu l’histoire du personnage, on se plait aussi à réver de plus d’Antonin Artaud et de moins de Miller, mais c’est ici un choix personnel.