Premières cases : un portail inter-dimensionnel s’ouvre.
Soudain, le vaisseau de Nävis jaillit.


PRRROUCH !
« Oh non j’ai été touchée ! »
(D’où sort-elle ? On ne saura jamais.)
« Ah mais en fait non ! On a saboté mon vaisseau ! »
(Qui ça ? Ce tome n’en dira jamais rien.)
« Vite ! Posons-nous sur cette planète totalement inconnue ! »
(Laissez-moi deviner… Elle va découvrir un nouveau peuple vaguement humanoïde qu’elle va aider à s'affranchir de leur terrible tyran ?)
« Oh ! Mais qui êtes-vous donc, drôle de peuple d’hommes-chats un peu moches et pas inspirés ?
– Attention ! Derrière-toi ! Les terribles machines de notre ennemi qui nous asservit !
– Comment ça ? Un ennemi qui vous asservit ? Mais laissez-moi donc vous expliquer la vie avec ma morale implacable ! Aujourd’hui la morale du jour ça va être… (Touillage dans la boîte à causes random) "réduire les femmes à n’être que des ustensiles pour satisfaire les plaisirs des hommes c’est pô bien !"
– OK. Mais nous on a une guerre là…
– Oh ça va. Je suis une race supérieure, je vais vous la torcher en trente pages votre guerre millénaire ! Le plus important c’est de savoir si vous réduisez vos femmes à n’être que des ustensiles au service des hommes ! Alors ?
– Alors oui.
– Eh baaaaah c’est pôôôôôôôô biiiiieeeeeeeen !
– OK bah on arrête alors… Et pour notre guerre ?
– Ah oui ! Eh bah laissez-moi juste le temps de me dénuder un peu histoire d’être au service des fantasmes de mes deux auteurs et allons-y ! Youhou ! »


Voilà.
Quarante-six pages pour ça.
…Ou plutôt devrais-je dire : pour « à nouveau ça ».
On n’en est qu’au tome 6 et pourtant j’ai déjà l’impression que la saga tourne en rond.
Et cette histoire de complot esquissée au tome 4, ça en est où ?
Et cette possible mise au service des plus faibles qui a été amorcée dans le tome 5, on n’en parle plus ?
Non mais la vache quoi !
Non seulement on nous sert la portion congrue de la SF mais en plus de ça il faut qu’on nous dilue la sauce !
On croirait rêver…


Le pire c’est que si j’enrage contre cet album, c’est parce que – encore une fois ! – tout n’est pas à totalement à jeter.
Ici ou là il y a des quelques idées qui savent me séduire… Ou plutôt qui savent me faire espérer.


Par exemple, cette histoire de machine qui se rebelle contre ses propres créateurs pour entretenir une guerre interminable et vide de sens, ça me parle plutôt pas mal.


Idem, l’impact iconographique que peut avoir cette montagne qui pond des machines de guerre à outrance, ça m’a fait son petit effet.


Seulement voilà, à chaque fois c’est la même chose avec « Sillage » : je sens un début de quelque-chose, mais dont on semble se satisfaire très vite.


C’est terrible à dire mais je pense que le vrai problème de cet album – à l’image de sa saga – c’est clairement son manque de profondeur. Et ce manque de profondeur s’explique pour moi par un vrai manque d’ambition, pour ne pas dire un vrai manque d’horizon.
Morvan et Buchet ne passent leur temps qu’à nous ressortir des poncifs de la SF et ça semble les satisfaire.
Ici cet épisode repompe clairement les univers de « Starship Troopers » et de « Matrix » - deux univers qui en 2002 avait déjà bien infusé, mais ça n’a pas semblé déranger notre cher duo.
Ils suivent le courant. Ils se laissent conduire par lui. Pas d’initiative personnelle. Pas de prise de risque…
Mais d’un autre côté je n’arrive pas à leur en vouloir parce que j’ai l’impression que c’est ça leur univers.
C’est ça leur horizon culturel.
Au-delà de la culture pop « mainstream » ces deux gars n’ont pas vu grand-chose et ils n’en sentent clairement pas de manque.


Eh bah tant mieux pour eux j’ai envie de dire….
…Et tant mieux aussi pour ceux qui aiment !
Par contre – dommage – tant pis pour tous les autres donc…
…Et surtout tant pis pour tous ceux qui espéraient voir la BD et la SF enrichir leur univers avec autres choses que des duplicatas d’artifices bien fades…

Créée

le 17 févr. 2021

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