S'il fallait citer un album d'Astérix à la fois plein de philosophie et d'humour, il s'agirait de nulle autre que Astérix et les Normands.
Cet album nous présente un peuple Normand tellement violent et barbare qu'ils vont jusqu'à en ignorer la peur. Persuadés que celle-ci donne littéralement des ailes, ils partent à la recherche d'un peureux qui pourrait, selon eux, leur apprendre à voler.
Leur choix se porte sur Goudurix, neveu d'Abraracourcix, disant être "le plus peureux de tous" qu'ils enlèvent et retiennent prisonnier dans leur camp en Gaule.
Evidemment, Astérix et Obélix partent à sa rescousse.
Ce qui est assez exceptionnel dans Astérix et les Normands est que, cette fois-ci, ce ne sont pas nos héros qui voyagent vers l'inconnu mais l'inconnu qui arrive jusqu'à eux.
Mais est-ce dans le bon sens du terme? Et ben, difficile à dire. En effet, alors qu'on aurait pu partir à la découverte de cette civilisation à la manière d'une caricature proche de notre réalité actuelle à la manière de Astérix chez les Bretons où ces derniers étaient une caricature des anglais proche de la réalité (la conduite à gauche, la météo pluvieuse, l'anachronisme avec une Tour de Londinium imaginaire qui n'existait pas représentant Big Ben existant dans la réalité...), on est ici face à des stéréotypes de gros bourrins pas très malins semblant être un mélange entre les Normands les Vikings vu qu'ils ont les mêmes divinités dans l'univers d'Astérix.
Mais vu le bo****l historique entre ce que les deux mots désignaient autrefois et ce qu'ils désignent aujourd'hui, la bourde n'est pas surprenante vu que pleins d'auteurs l'avaient faite avant Goscinny et Uderzo. Toutefois, mettons les choses au clair. Si les Normands sont actuellement les habitants de la Normandie, le terme désigne aussi historiquement les habitants du duché de Normandie. Autrefois, le mot de Normands (ancien français Normanz / Normant) était employé pour qualifier les Vikings. Il signifie littéralement « Hommes du Nord ».
Cependant, cela est plus du chipotage qu'autre chose car les Normands sont vraiment charismatiques et drôles. L'une de leurs meilleures interventions est la recherche de la peur à travers les coups de massue sans succès. Ainsi on se retrouve avec des phrases comme
J'ai toujours plus de mal que de peur.
Cependant, le plus drôle reste les prénoms des Normands. En effet, là où les prénoms des personnages d'Astérix étaient généralement des jeux de mots (Abraracourcix, Numérobis...), dans Astérix et les Normands, les prénoms sont des mélanges entre des jeux de mots et des onomatopées.
Ainsi, quand un personnage verse un sceau d'eau et que l'onomatopée PLAF s'affiche sur une case, un Normand réponds "Présent!"
En ce qui concerne les autres personnages: Goudurix est assez appréciable. Peureux mais sachant s'imposer et étant lucide, il représente, à travers une tentative d'entraînement pour l'endurcir ne menant nulle part, une génération voulant montrer à la précédente ce que vaut la nouvelle tandis que l'ancienne doit comprendre qu'il ne faut pas forcer les autres à subir leurs traditions et les laisser s'endurcir seuls s'ils sont craintifs.
En effet, ce n'est pas l'entraînement forcé qui permets à Goudurix d'être moins peureux mais le fait de voir Astérix en danger qui révèle en lui un courage qu'on ne lui soupçonnait pas.
Dans cet album, Assurancetourix est à son plein potentiel pour le meilleur de l'hilarité mais pour le pire des oreilles des autres personnages.
Quant aux Normands, ils ne sont pas très intéressants et interchangeables. Le seul qui se démarque un peu, c'est le Chef Grossebaf étant à la fois réfléchi, colérique et comique.
Bref, s'il n'est pas le meilleur album d'Astérix au niveau de l'histoire, Astérix et les Normands mérite sa réputation d'être l'un des albums les plus drôles des aventures du gaulois à la gourde et au glaive.
Faites-vous plaisir en le lisant.