Sumiré, l'héroïne de Kimi Wa Pet de OGAWA Yayoi, est une grande et jolie nénette qui a fait de brillantes études avant d'intégrer un poste élevé dans un magazine. Elle a fréquenté un type pendant cinq ans, et comme, au premier volume de son histoire elle en a 28, on imagine qu'elle se voyait déjà mariée et tout le reste. Sauf que son type l'a plaquée pour une fille plus simple, ce qu'elle a moyennement encaissé.
En plein yoyo affectif, Sumiré découvre, au pied de son immeuble, planqué sous des cartons, le jeune Momo, un beau danseur que des soucis avec son propriétaire ont mis à la rue. Elle accepte de l'héberger pour une nuit, lui prépare même un petit plat. Momo ne veut plus partir, bien sûr, et Sumiré, qui a été contente de s'occuper de quelqu'un, propose le deal suivant: il habitera chez elle mais n'attendra rien d'autre qu'un toit et une pitance. En bref, il jouera le rôle de pet, d'animal de compagnie.
C'est leur relation hallucinante et attachante que raconte ce manga josei (comprenez: histoire pour filles adultes). Car derrière la bleuette "je l'aime, je l'aime pas", se dessinent les traits d'une femme de 30 ans urbaine à la manière de Sex and the City, si l'on veut, en tout cas dans ses contradictions et ses faiblesses. Et les personnages secondaires en disent long, eux aussi, sur les executive women japonaises célibataires et la difficulté de les appréhender.
Le beau Hasumi, nouveau petit ami officiel et cadre très comme il faut, devra pouvoir se libérer de sa vie professionnelle stressante tout en se maintenant à une position hiérarchique de choix; il devra, par ailleurs, décoder les multiples énigmes que lui renvoie son amoureuse - ce qui, on l'imagine, est source de multiquiproquos à l'occasion desquels Sumiré rentre chez elle en rogne/ en larmes/ en grommelant/ en le maudissant, etc.
Momo, lui, c'est l'artiste. Danseur, il a la boucle de cheveux souple, le regard jeune et romantique. Quoique particulièrement séduisant, il représente ce qu'on peut aimer, mais pas sérieusement si l'on est une jeune femme comme il faut dans le Japon moderne. Il est la tentation, la jeunesse, la douceur, le hors norme, la passion. Ses codes ne sont pas ceux de la société dans laquelle vit Sumiré, ce qui explique peut-être pourquoi elle a tant de mal à accepter ses pulsions premières.
Bien sûr, Momo aime Sumiré bien au-delà du lien qui peut unir un labrador à sa maîtresse. Il encaisse toutes ses sautes d'humeur, ces moments d'angoisse où elle le shampouine et le coiffe pour se déstresser, son absence d'intérêt pour sa personne. D'ailleurs, il est tellement mignon qu'on se prend à avoir envie de lui faire une petite caresse derrière l'oreille.
Kimi Wa Pet, dont il existe également un drama, quoi que destiné à un public de filles, est à conseiller aux hommes, qui en apprendront bien plus que dans n'importe quel magazine féminin.