Batman: Année Un nous présente les débuts de la croisade de Bruce Wayne dans une cité rongée par la corruption et le crime. Voilà pour le pitch de base que tout le monde connait. Ce que Batman: Année Un apporte en plus par rapport à ce pitch de base que tout le monde connait, c'est que ce récit nous fait oublier le Batman charismatique et très musclé de Jim Lee, ainsi que le Batman qui côtoie des extraterrestres, bolides et amazones. C'est un récit réaliste. Et pour nous présenter Gotham City de manière réaliste, nous suivons non seulement Bruce Wayne au début de son aventure, mais également James Gordon, tout juste arrivé en ville.
Dans l'écriture, Frank Miller nous présente un Bruce Wayne qui doute, qui ne sait pas où il va, jusqu'à la révélation qui lui donne une piste à suivre. Et même après ça, on a un Batman qui fait encore des erreurs, qui prends des coups et qui galère à se relever.
C'est surtout à travers Gordon que Miller nous présente la ville. Avec ce personnage, on aborde un certain nombre de problématiques: l'insécurité, le crime organisé, la corruption et son refus, la difficulté à entretenir son couple et à élever un enfant pour un flic dans une ville fondamentalement mauvaise...
Dans cette histoire, Bruce Wayne comme James Gordon sont des personnages très humains, avec des défauts, des doutes et des faiblesses.
Au dessin, David Mazzucchelli nous montre un Batman qui désire inspirer la peur, mais qui titube, qui encaisse difficilement les coups. On voit les coulisses de Batman, ce qu'il fait pour avoir l'air effrayant et inhumain aux yeux des criminels et de la police. Gordon est dessiné comme un personnage qui se force à avoir de l'assurance dans un environnement hostile où ses plus proches collègues sont des ennemis.
Dans Batman: Année Un, l'écriture est honnête. Le dessin est cru et suggestif. Les deux se servent parfaitement et atteignent le lecteur. Le commissaire Loeb et ses flics nous dégoûtent. Alfred Pennyworth et Selina Kyle nous amusent. Batman et James Gordon nous donnent du spectacle à travers une histoire de jeux de pouvoirs et de croisade personnelle. Les seules lueurs d'espoirs qui parviennent à passer à travers l'horreur de Gotham se trouvent dans les courtes interactions entre Batman et Gordon, qui suggèrent les lendemains que les lecteurs de Batman connaissent.