Mike Mignola, le très célèbre créateur de Hellboy, très inspiré de l'univers de l'écrivain H.P Lovecraft, qui décide d'écrire le scénario d'un roman graphique en 4 partie sur Batman mis à la sauce Lovecraft, avec Troy Nixey au dessin. Que demander de plus ?
La Malédiction qui s'abattit sur Gotham (et je sais pas pourquoi, mais je dis tout le temps 'Arkham') crée donc un univers à mi-chemin entre le fantastique le plus pur et la science-fiction façon Jules Vernes, tout en sachant y incorporer de manière logique et intéressante les personnages de la licence Batman. Ainsi, Double-face, Mister Freeze, le Pingouin et Ra's al Ghul sont tous passés à la moulinette lovecraftienne (y'a même des références subtiles à Poison Ivy et à Killer Croc, pour vous dire), chaque personnage permet d'explorer un aspect différent de l'univers du Maitre de Providence sans jamais qu'il y en ait un en trop.
Autre preuve que l'on est dans du pur Lovecraft : les thématiques classiques de l'auteur sont reprises, que ce soient les malédictions transmises du parent à l'enfant, l'héritage par le sang, la dégénérescence du corps ou de l'environnement, les civilisations extra-terrestres millénaires ou bien entendu les divinités cyclopéennes qui pourraient raser notre planète d'un battement de sourcil si on les laissait faire. Le tout en parvenant à construire une histoire qui tient parfaitement la route et qui n'est pas blindée de lacunes.
Et malgré la grosse influence de notre bon ami H.P, Mignola arrive quand même à construire son récit comme une authentique aventure de Batman, avec enquête, remises en question, introspection sur le traumatisme d'enfance de la mort de ses parents, et bien sur baston contre des grosses saloperies. D'ailleurs vous connaissez la fameuse citation de Nietzsche "Quand tu regardes au fond de l'abime, l'abime regarde en toi" qui définit toutes les histoires de Lovecraft ? Et bien Mignola a réussi à lui trouver un tout nouveau sens, et je crois que es fans de Batman vont criser, bien que l’idée soit géniale.
Chose amusante, le ton de Mignola dans cette histoire, bien que résolument sombre, s’avère plutôt optimiste quand au futur de l'humanité à la manière d'un Hellboy, là où Lovecraft était un misanthrope nihiliste voyant l’espèce humaine comme un grain de poussière à l'échelle cosmique qui pourraient se faire balayer d'un coup par des forces des milliards de fois supérieures à elle. C'est marrant, mais ça montre que le gars a su tirer partie du meilleur de son auteur préféré, mais sans en perdre ses propres convictions personnelles, c'est bien vu.
Niveau dessin, c'est du très bon travail.
Même si c'est pas du Mignola..
Le découpage est excellent.
Même si c'est pas du Mignola.
Et il arrive à créer une ambiance sombre et attractive.
Même si c'est pas du Mi
En bonus, on a droit à une histoire courte scénarisée et dessinée par Mike Mignola, cette fois-ci : Sanctuaire. L'histoire en elle-même est simple, c'est Batman qui s'évanouit dans la tombe d'un homme mort des dizaines d'années plus tôt et qui tente de drainer sa vie. Histoire sympathique, toujours très lovecraftienne, mais bien adaptée à Batman. Et le ton fantastique du récit gardé jusqu'au bout est aussi un très bon point.
Bref, La Malédiction qui s'abattit sur Arkham (et merde) est une très bonne histoire, je dirais même que c'est la meilleur histoire de Batman que j'ai lu jusqu'à présent après Arkham Asylum.
C'est du tout bon, c'est un immanquable pour tout fan de Batman ou de Lovecraft.
Attention parce que si l'on est pas familiarisé avec les 2, on passera à coté de pas mal de références.