Au départ, alors que je commençais à lire ce comics ci, dieu sait que je n'étais pas très enthousiaste : les dessins étaient certes esthétiques et réussis, mais je trouvais son écriture décevante et banale. En fait, ce sont surtout les dialogues qui m'ont stoppé : simples, basiques et primaires, ils ne me convenaient guère.
Disons juste que de la part du très talentueux Geoff Johns, j'ai souvent été habitué à mieux ( notamment avec son run sur Justice League ). Ici, ce n'est clairement pas à la hauteur des attentes. Pourtant, une fois passé cela, j'ai pu lui trouver un certain intérêt. Mais un autre constat est rapidement venu se faire à moi : l'écriture n'est vraiment pas top.
En fait, Johns se révèle maladroit par trop de fois. Premièrement, son approche du comics est plutôt déplaisante. Car plutôt que d'installer son personnage dans un cadre plus éloigné ( avec un Batman expérimenté et possédant des méthodes différentes que celles qu'on lui connaît ), il préfère plutôt narrer les origines du personnage, chose déja faîte par mille fois.
Le tome ne brille donc pas d par son originalité : et c'est justement cela qui déçoit. Relire inlassablement la même chose ( car seul le cadre change, l'histoire des origines ne différe en rien, si ce n'est en très légers détails anodins ) est rapidement dérangeant. On ne prendra pas le pied que l'on pensait atteindre. Drôle de phrase.
Non, en fait, le truc est très commun et pompe, en plus, la narration du premier film de Nolan, "Begins". Certes, c'est une sorte de chef-d'oeuvre dans le genre ( pour ce qui est de compter les débuts de tel ou tel personnage ), mais cela démontre, tout de même, un certain manque d'effort, si ce n'est d'imagination, de la part de l'auteur.
Bon, tout n'est pas non plus à jeter : le méchant du tome est bien écrit ( on regrettera, cependant, l'absence de Monsieur J ), et les détails anodins suscités sont bien trouvés, me rappelant grandement "Flahspoint". J'ai bien aimé cette manière de changer quelques petits aspects de la personnalité de ces personnages que l'on connaît si bien : on leur découvre une nouvelle personnalité, et l'on se découvre une nouvelle manière de les aborder.
Ensuite, il faut bien avouer que l'aspect esthétique de la chose est simplement grandiose : les dessins, très beaux, assument leur rôle avec panache et fierté, et les couleurs, sombres et parfaitement choisies, soulignent le tout de manière maîtrisée et élégante. Le tout accompagné d'un très bel encrage, et vous possèderez toutes les clés du succès.
Le comics se clôt, à mon sens, de la meilleure des manières, avec une ultime page qui démontre, tout de même, le talent de Johns ( seul un fou prétendrait qu'il n'en possède point ) et ce rythme effréné que la narration suivait en fin d'histoire, relevant grandement l'intérêt que l'on se devait d'y porter.
Au final, même si cet apparent One Shot ( j'espère que le statu quo changera; je suis curieux de voir ce que le Joker donnerait dans cette vision du monde ) manque de maîtrise et de fluidité dans ses dialogues et son écriture globale, il faut bien avouer qu'il est sauvé par une esthétique réussie et, point non soulevé, par une sous-histoire ( celle de Gordon ) vraiment passionnante. A noter, également, que le personnage de Bullock, apparaissant la plupart du temps le sourire aux lèvres, constitue une virulente critique de notre société : l'Homme ne veut pas être, il veut paraître...