Entre les rêves des années 70 et la noirceur des années 80, Black Hole fait la jonction. L’idée est simple : une maladie, transmise par rapport sexuel, se répand parmi les adolescents. Elle occasionne des modifications corporelles (dégradation des visages, queue de lézard, seconde bouche, mue) qui, du fait de leur caractère extraordinaire relégueront les adolescents atteint à une vie marginale dans les bois.
Au-delà de la tristesse du comics, il y a autre chose qui se joue dans les ombres. Du fait des transformations corporelles, Black Hole propose une représentation érotique bien éloignée des standards. Le rapport sexuel n’est jamais pacifié, il est toujours dans l’ambiguïté, dans quelque chose qui oscille entre l’humain et le non-humain. Il y a bien de l’amour, mais celui-ci est teinté de la bizarrerie des corps ; étrangeté qui est une porte vers toutes les productions troublantes de l’inconscient.
Ce n’est pas un hasard si de nombreuse scène de défonce sont présentes, et certaine cases sont directement influencées par le psychédélisme. L’expérience hallucinogène et les rapports sexuels dans le comics sont fait de la même chose, à la fois d’une magnificence surréelle et d’inquiétante étrangeté. D’une certaine manière Black Hole est fait de désir. Non pas d’un désir ayant un objet défini, mais un processus qui ne cesse de produire de l’ambiguïté, de trouble dans le sexuel.
Ce processus n’a rien à voir avec l’agréable du plaisir, c’est quelque chose qui ébranle durablement les personnages. Le trou noir laissé par la balle de revolver dans le crâne d’un des protagonistes ne cesse d’attirer les autres vers un destin funeste. Ainsi les dernières pages du comics montrent le regard de Chris vers le ciel étoilé et glacé, vers la noirceur.