Sacré manga.
Des les premières images, j'ai été séduite et même subjuguée par cet ovni qui ne ressemble a rien de ce que j'ai pu lire jusqu’à maintenant.
Premier et principal fait étrange, la forme de Punpun bien sur- poussin enfantin qui semble être sorti tout droit d'un dessin d'un enfant de 5 ans. Le contraste avec les personnages qui l'entourent rendent de façon totalement étonnante un personnage émouvant et touchant au possible, sans savoir pourquoi. Comment et pourquoi, ce personnage mal dessine, sans aucune expression de visage (surtout en comparaison des personnages secondaires si expressifs ) qui ne parle quasiment pas, peut nous émouvoir a ce point ?Je ne l'explique pas, coup de génie total pour le coup. J'essaye toujours de comprendre l’évolution de cette forme, partagée uniquement par les personnages de la famille sanguine de Punpun (Pere, mère et oncle uniquement) sans véritablement la comprendre. En triangle lorsqu'il fuit ses emotions, avec un corps humain, semi humain , en forme phallique, on suit son évolution sans en comprendre réellement le sens profond mais en ressentant d'autant plus les émotions de l'adolescent. L'apparition des premiers membres humains est totalement déconcertante et rajoute sans qu'on comprenne pourquoi, a notre identification.
Au delà de la forme qui apporte tant, il y a bien sur le fond. L'histoire de cet enfant puis adolescent est d'une tristesse deprimante. On s'identifie a ses peurs et ses angoisse depuis ses malheurs familiaux jusqu'a ses déboires amoureux - le tout d'une naïveté déconcertante. On pleure son père, on se déchire pour Aiko et cela continue jusqu’à l'adulte déconstruit qu'il devient en 7-8 tomes. Et la, ça coince.
Un tournant inattendu dans l'histoire démarre des le tome 8 dans ses retrouvailles avec Aiko. Les retrouvailles avec ce personnage qu'on a tant attendu sont décevantes car on est plonge sans préparation dans sa situation familiale dramatique et bizarre. On bascule dans un mode maniaco-depresso- maso- killer ou pour le coup - on ne se retrouve plus.
Quelle déception ! J'etait totalement envoûtée par Punpun et j'ai totalement décroché. Un peu comme la Khaleesi de la dernière saison de Game of Thrones, on passe d'un personnage d'une empathie folle, d'une sensibilité rare a un inexplicable tueur. Pareil pour Aiko qu'on a pas eu le temps de connaitre et qui n'a rien a voir avec l'essence de son premier personnage. Aucune évolution ne nous y préparait et ce choix dans l'histoire est totalement incompréhensible pour moi.
Gros bémol également face a l’évolution de l'histoire du gourou apocalyptique "Good Vibrations " qui prend de plus en plus de place, qui ne m'a pas intéressé une miette et dont je ne vois toujours pas le rapport. Énorme malaise qui va en grandissant au fil de l'histoire et qui a mes yeux, a un cote sensationnel qui dénote avec l'esprit premier du manga.
Sauf si peut- être... et si les retrouvailles avec Aiko n’était qu'un rêve ? Une pause folle sortie tout droit de l’imaginaire malade de notre pauvre Punpun, qui au lieu d'affronter les dures réalité de sa vraie vie, se réfugie dans son imaginaire parallèle. Peut être était- ce son moyen de se dire que après tout, mieux valait ne pas retrouver son amour perdu? L'apparition d'Aiko est si folle et déconnectée du ton original du livre qu'on peut presque l'envisager.
En gros, un BON manga avec une mention excellent jusqu’à son milieu qui m'avait fait mettre un joli 9 en le commençant mais me fait terminer avec un 8 sans me résoudre a monter la note, le sentiment final n'ayant trop déçu.