California Dreamin'
7.4
California Dreamin'

BD franco-belge de Pénélope Bagieu (2015)

Ça faisait un bout de temps que j'avais envie de découvrir l'oeuvre de Bagieux ; cet album-ci plus particulièrement, non pas pour l'histoire dont j'ignorais tout mais pour la couverture affichant clairement la présence d'une ronde en guise d'héroïne : je me suis dit "chouette, une grosse qui mène la danse". Je suis déçu.


J'avoue que je n'ai pas très bien compris où l'auteure voulait en venir. À mon sens, elle commet les mêmes erreurs que les auteurs qui font du biopic pour le cinéma : on veut aborder plein de choses, faire un portrait complet tout en étant fidèle à l'histoire avec un grand H. Mais à force de vouloir tout dire, l'auteure finit par ne rien dire : c'est mignon de parler de l'enfance de l'artiste mais ça ne raconte pas grand chose ; pareil pour ses débuts difficiles, on tombe dans le récit convenu sur l'artiste qui tente de percer. Rien ne ressort de tout ça. C'est dommage parce que le personnage principal a l'air bine intéressant, cette Cass que je connais si mal, et j'aurais bien voulu voir un récit qui la met en scène. C'est là le problème rien n'est mis en scène. C'est la voix off qui fait tout le boulot. Cette voix off, elle empêche l'auteure d'exploiter ses scènes, d'approfondir les situations : tout va trop vite à cause d'elle, parce qu'elle ne fait qu'énumérer les faits comme une liste de course et non comme un récit trépident, du coup l'auteure n'a plus qu'à illustrer les phrases du mieux qu'elle peut. Sur la fin, Pénélope prend un peu plus de liberté, s'éloigne un peu plus pour parler de cette vie à quatre, mais c'est un peu tard et elle ne va de toutes façons pas très loin dans cette approche.


Ce qui est perturbant aussi, c'est le changement de point de vue. En soi, ce n'est pas une mauvaise idée, Orson Welles l'a fait et son film est devenu un chef d'oeuvre avec le temps. Alors pourquoi ça ne marche pas ici ? Parce qu'on s'en fiche des points de vue adoptés, ils sont un peu aléatoires. On ne retrouve pas non plus un jeu d'enquête comme dans le film classique, ici on passe d'un point de vue à l'autre gratuitement. De temps en temps, l'auteure en profite pour approfondir le personnage dont on adopte le point de vue, en délaissant l'héroïne, amis c'est là aussi aléatoire, tous les personnages ne jouissent pas ce genre de privilège ou alors ce n'est pas du tout avec la même efficacité. QUant au portrait fait de l'héroïne par fragment, c'est presque à chaque fois superficiel.


Heureusement il reste quelques passages intéressants et puis cette Cass est vraiment intéressante en soi, elle sauve donc un peu le récit du naufrage, mais l'auteure, il faut bien le dire, n'arrive jamais à lui rendre justice, à la mettre en valeur. Tous les thèmes abordés sont gâchés. Je pensais qu'on jouerait un peu plus avec le pouvoir attractif de la charismatique chanteuse, mais même ça, c'est trop vague (par manque de docu ? pourquoi n'avoir pas pris de liberté dans ce cas ?)


Graphiquement, je suis partagé. Je n'ai rien contre un style minimaliste mais ici, par moment, j'ai eu la terrible impression que l'auteure cédait à la facilité : les personnages se baladent sur des décors invisibles ou alors on a juste quelques détails pour dire que... mais jamais je n'ai eu l'impression d'être à New York, Los Angeles ou ailleurs, aucun effort de reconstitution n'a été fourni. À part dans les coupes et les costumes, et encore, par moment je me demandais à quelle époque ça se déroulait, s'il s'agissait de la vraie Cass ou bien s'il s'agissait d'un détournement contemporain, ou d'une fan pro-vintage.


Il y a quelques très belles pages, grâce à un dessin élégant ou bien grâce à un découpage intéressant, mais elles sont rares ces belles pages, le plus souvent on a droit au minimum syndical, quelque chose d'un peu brouillon qui aurait gagné à être retravaillé. Les personnages ont de bonnes bouilles, encore que sur la fin, j'avais parfois du mal à reconnaître les personnages, mais les expressions, en revanche, ne sont pas très recherchées (en même temps, le récit ne laisse pas trop de place au jeu des 'acteurs').


Bref, pas vraiment convaincu par cette BD ; ce n'était pas horrible à lire mais je me suis clairement ennuyé, au point de pousser quelques soupirs durant ma lecture.

Fatpooper
4
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le 16 févr. 2017

Critique lue 668 fois

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Fatpooper

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