Graphiquement, Calvin et Hobbes est minimaliste, tout en révélant des qualités de dessin surprenantes, particulièrement dans ses planches horizontales parsemées en cours d'albums.
Mais bien entendu, l'essentiel est ailleurs. Avec Calvin et Hobbes, Bill Watterson nous offre une plongée dans l'imaginaire débridé d'un enfant trop conscient de son monde, Calvin. Incapable de faire face à la réalité (ou trop réceptif à cette dernière paradoxalement), il se réfugie dans sa bulle de fantaisie teintée d'amertume, toujours accompagné de sa peluche / tigre Hobbes dotées de répliques définitives.
Si les parents sont récurrents, (mention spéciale pour le père, blasé au possible, à l'optimisme contrarié vis à vis de son fils), la galerie de personnages est finalement incroyablement réduite. En gardant à l'esprit que Hobbes est un pur produit de l'imagination fertile de Calvin, on se rend compte de la profonde solitude de ce gosse.
La question étant, est-il heureux dans son imaginaire ou fuit-il quelque chose d'insupportable à sa réalité (l'Amérique moderne en gros) ? Si chaque gag fait rire ou sourire, il est tout sauf rare de s'extraire de la lecture pour réfléchir un instant sur la situation de Calvin, de revivre l'histoire de trois cases sans la peluche parlante. Ses réflexions, parfois purement infantiles, parfois mordantes ou faussement naïves, ponctuellement dotées de cruauté, n'ont aucun écho. Personne ne contredit Calvin, personne ne le bouscule ou le remet en cause.
Pourtant les bagarres avec Hobbes sont légions. Calvin a besoin de conflit, exige la confrontation, réclame l'arbitrage.
Calvin et Hobbes, c'est de fait une ode à la solitude, un plaidoyer de l'imaginaire, capable de maintenir à flot un enfant bourré de qualités mais qui n'a personne avec qui les partager.
La question étant, est-ce un choix de sa part ?
Enfin, préservons l'essentiel : Calvin et Hobbes, c'est drôle.