Luz replace avec Catharsis les évènements du 7 janvier 2015 dans un cadre intimiste. Au-delà du délire insensé qui a entrainé des millions de gens dans la rue pour défendre un journal qui avait ses défauts, dans une communion assez terrifiante avec ce que le monde peut compter de dictateurs et autres sales types vomissant régulièrement sur la fameuse « liberté d’expression » défendue par Charlie, il livre sa douleur et ses errements des lendemains qui déchantent.
La perte des amis, la fin de l’innocence, l’incompréhension devant le bordel qui gronde, Luz raconte tout ça d’une manière suffisamment sincère et fine pour éviter les écueils attendus des ouvrages d’après catastrophe, recentrant sur le drame personnel que représente pour lui la fusillade. A travers l’absence des amis, à travers la présence usante des policiers/gardes du corps, à travers la présence fondamentale de sa compagne…
Le plus beau passage est à mon sens celui décrivant le couple s’enfonçant dans la dépression et le canapé, et en ressortant par un abandon total l’un à l’autre, s’élevant par la passion, le sexe, l’amour, l’oubli.
Intime donc, avec les réactions épidermiques qui vont avec et la conclusion surement inévitable : le départ de Luz du journal pour recommencer autre chose, ailleurs, loin de cette année de merde qui mériterait de disparaitre rapidement et proche de ses fondamentaux : sa plume, sa compagne.
Toujours sale gosse, mais plus innocent, il sera intéressant de voir où Luz va aller poser ses guêtres dans les temps qui viennent et comment il arrivera à se reconstruire artistiquement parlant.
Pas franchement fan du Charlie de ces 15 dernières années (bête et méchant toujours, mais choisissant de plus en plus ses cibles, ce qui n’est pas une bonne idée), pas convaincu par les manifestations de soutiens ostentatoires que je ne peux m’empêcher de trouver suspectes, je suis par contre sincèrement touché par la douleur et les affres de ce(s) dessinateur(s), abattus pour avoir dessiné. La meilleure réponse est dans l’humanité qui se dégage de Catharsis.