Eh bah celle là, j’avoue, je ne m’y attendais pas…
Après avoir enchainé une petite plâtrée de tomes qui étaient au mieux insipides et au pire imbuvables, voilà que ce tome 15 vient de me prendre à revers bien comme il faut.
Alors je ne vais pas crier au chef d’œuvre non plus mais par contre je vais au moins concéder un fait indéniable : j’ai pris du plaisir à parcourir cette « Chasse gardée ».
Déjà – premier point fort – je me suis surpris à de nouveau musarder.
Rien que ça, pour moi, ça change déjà beaucoup de choses à mon expérience d’une BD.
Plus d’une fois je me suis laissé intriguer par le design d’un vaisseau, par la singularité d’une créature ou bien tout simplement j’ai aimé errer dans une atmosphère…
Il faut dire que pour ce tome-ci, on sent que l’ami Buchet a fait davantage d’efforts pour remplir ses décors. Quand bien même on n’est pas dans du Rosinski, il est bien plus rare de ne se retrouver qu’avec de simples aplats en guise d’arrière-plan.
Qu’il s’agisse de l’astéroïde sauvage ou bien des intérieurs raffinés de la planète… euh… Coruscent je suppose… il y a régulièrement un détail travaillé du décor qui fait qu’on se balade vraiment dans ces lieux plutôt qu’on les traverse.
Je suis même agréablement surpris de la manière dont l’ami Buchet a géré les « flous » avec la faune de l’astéroïde. D’habitude le dégradé de couleur était beaucoup moins fouillé ce qui donnait des aspects synthétiques assez laids aux décors naturels. Là par contre on a davantage un sentiment de profondeur ET d’information sur la réalité du lieu.
C’est d’ailleurs un step-up formel qu’on ressent dès la couverture. Sans être un chef d’œuvre de composition, au moins on a un vrai jeu sur les contrastes, les lumières et les différents niveaux de plan… Et avec en prime ce regard menaçant en fond m’sieu dames ! Ah ça c’est pas du Rosinski mais on en verrait presque l’influence ma foi !
Non mais dites-donc, je ne sais pas ce qui est arrivé dans la vie de Philippe Buchet en 2012 mais en tout cas ça nous l’a rendu tout jouasse et tant mieux pour nous !
Surtout qu’en plus de ça Jean-David Morvan n’est pas en reste.
A croire que les deux compères sont vraiment bien en phase parce que d’un point de vue intrigue, cette « Chasse gardée » a su me rappeler la bonne formule des tomes les plus séduisants de la saga.
Premier point qui me plait : cet album ouvre et clôt une intrigue qui lui est propre. Il a son unité et son originalité, qui se retrouve d’ailleurs lié à un univers précis.
Mais en plus de ça – deuxième point – il parvient à l’articuler autour de cette intrigue une structure narrative faite de rebondissements et de révélations qui, sans être extraordinaires, dynamisent quand même bien l’ensemble.
Et enfin surtout – troisième et agréable point – ce tome en profite pour avancer sur l’intrigue principale et ainsi faire évoluer son protagoniste central.
(…Et en plus il le fait assez intelligemment, parce qu’en transformant le clone de Nävis en fils qu’elle aurait eu avec un Punta, franchement ça redonne de l’intérêt à ce personnage. Mieux encore, ça va clairement dans le sens que cet album initiait en son début avec Nävis qui sent transiter vers un autre âge ; celui du début de la vieillesse.)
Sur ces trois points là, on retrouve vraiment la même formule que celle des tomes 3 et 8 – ma préférée de « Sillage » – et ça m’a vraiment fait plaisir de la retrouver ici pour redonner du peps à cette saga.
D’ailleurs, comme un symbole, ce tome 15 finit par raccrocher son intrigue à ces deux tomes chéris. Ça augure donc d’un retour prochain vers – peut-être – ces deux univers.
Si Morvan et Buchet arrivent à le faire sans répétition, mais dans une logique d’évolution et de progression, franchement moi je signe tout de suite…
Si on m’avait dit à la fin du tome 14 qu’il suffirait d’un seul album pour me remotiver sur cette saga, j’avoue, je ne l’aurais pas cru.
…Mais en même temps, c’est aussi ça qu’on aime dans les surprises, non ?