Douce France
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Cher pays de notre enfance de Benoît Collombat et Étienne Davodeau, c’est un peu comme si tu ouvrais une boîte de gâteaux secs héritée de tes grands-parents et que tu y trouvais, au fond, un dossier classé "Top Secret". Derrière l’évocation nostalgique d’un passé qui sent bon le terroir, cette œuvre décortique les zones d’ombre de la Ve République avec une finesse qui te donne envie de relire ton manuel d’histoire... ou de lancer un podcast d’investigation.
Ce documentaire graphique part d’une question simple mais redoutable : que se passe-t-il quand ceux qui sont censés protéger l’État en détournent les rouages ? À travers l’exploration de scandales politico-judiciaires des années 70-80, comme les mystérieux assassinats de magistrats et l’implication trouble des services secrets, Collombat et Davodeau tracent un tableau où la démocratie semble parfois avoir oublié de lire son propre manuel d’instructions.
Le duo d’auteurs frappe fort. Collombat, journaliste aguerri, offre un récit documenté, précis, mais jamais indigeste. Ses recherches s’entrelacent parfaitement avec le dessin de Davodeau, sobre et expressif, qui transforme les faits bruts en une narration vivante. Les visages sont marqués, les lieux empreints d’une tension palpable, et chaque case semble te murmurer : "Regarde bien, le diable est dans les détails."
Mais attention, ce n’est pas un cours magistral. Cher pays de notre enfance sait aussi jouer sur l’ironie et l’indignation pour maintenir ton intérêt. On se retrouve à suivre les interviews et les témoignages avec la même intensité qu’un thriller, sauf qu’ici, les méchants ne portent pas de masque : ils ont des cravates.
Ce qui frappe surtout, c’est la manière dont les auteurs rappellent que l’Histoire n’est jamais figée. Les zones d’ombre de cette période résonnent encore dans notre époque, et cette enquête, bien que concentrée sur un temps précis, parle d’une mécanique plus vaste : celle du pouvoir, de la manipulation, et des failles humaines qui en découlent.
En résumé : Cher pays de notre enfance est une plongée captivante dans un passé où la nostalgie se heurte à la réalité crue des faits. Collombat et Davodeau nous livrent un documentaire graphique aussi instructif qu’indigné, où chaque page est une invitation à réfléchir, à questionner, et, pourquoi pas, à demander des comptes. Un pavé dans la mare de notre "cher pays", mais un pavé dessiné avec talent et précision.
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Créée
le 28 nov. 2024
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