Bienvenue dans l’enfer de Jérusalem, ou bien Yérushalayim, ou encore al-Quds ... tout dépend.
C’est l’histoire d’un petit Québécois sidéré par tout ce capharnaüm ethnique au bord de l’implosion : on croise en pagaille des catholiques d’Ethiopie, des Juifs ultras, des orthodoxes russes, des coptes d'un peu partout, des musulmans palestiniens, des Zionistes américains, des chrétiens d’Arménie et des Juifs kirghizes, sans oublier des bataillons d’expatriés pour faire tourner la meute d’ONG sur le terrain, plus les diplomates et les observateurs de l’ONU... rien que ça.
De quoi filer une sacrée migraine à notre québécois, fraîchement débarqué dans Jérusalem-Est.
Le dessin est simple, direct, et franc : devant des situations aussi absurdes et aberrantes que celles qui émailleront son quotidien pendant un an en Israël, il n’y a franchement pas besoin d’ajouter des fioritures graphiques. Des histoires courtes et percutantes, en une ou deux planches, rarement plus : des tranches de vie livrées sans détour. Les Chroniques de Jérusalem, c’est le regard atterré d’un athée plongé dans un territoire déchiré par la religion.
Un carnet de voyage indispensable pour qui veut comprendre les ressorts du conflit israélien : Guy Delisle et son épouse ont notamment vécu de l’intérieur l’opération Plomb Durci. Un témoignage brut et sans enrobage, bien plus éloquent que n’importe quel reportage TV en prétendue « immersion ».
Cet album fait l’effort de ne pas prendre parti : Guy Delisle a été à la rencontre de toutes les opinions, et il les renvoie indistinctement dos à dos.
Ces Chroniques de Jérusalem ont reçu le Fauve d'Or du Festival d'Angoulême 2012, pour récompenser la meilleure BD de l'année.
Le prix était-il mérité ? Oui.