Sale et malsain mais tellement addictif!
Disons-le tout net, Animal Man tome 1 (de concert avec Swamp Thing tome 1) était la révélation des publications DC Renaissance chez Urban Comics. Une vraie belle surprise, avec deux titres certes originaux et particuliers mais à l’univers tellement passionnant. C’est donc avec une grande impatience que j’ai démarré la lecture de ce tome2 d’Animal Man.
Depuis qu’il a découvert que Maxine, sa fille, partageait le même lien avec le Sang, force mystique incarnant le règne animal sur Terre, Buddy Baker et sa famille fuient la civilisation. Contaminée par la Nécrose, l’Humanité toute entière se transforme progressivement en créatures de cauchemars. Et lorsque Buddy disparaît, happé hors de ce monde, Ellen, sa femme et son fils Cliff reçoivent l’aide providentielle de John Constantine et de la Ligue des Ombres. (ANIMAL MAN #7-11 and ANIMAL MAN ANNUAL #0-1)
Jeff Lemire reprend l’histoire là où il l’avait laissé. La Nécrose s’étend et la famille Baker est en fuite. Du moins cherche à rejoindre Alec Holland, Swamp Thing. Malheureusement la Nécrose va plus vite qu’eux et le pauvre Buddy va décider de couvrir leur fuite. Bien mal lui en pris. Ou pas au vue des terribles nouveaux pouvoirs qu’il va obtenir ; Jamais son rapport avec les animaux n’aura été aussi jouissif à utiliser, mais ça je vous laisse le découvrir^^
En son absence, Ellen, sa femme, va radicalement changer. Là où je trouvais une femme compréhensive voir un peu soumise dans le tome 1, je retrouve ici une femme sûr d’elle et n’acceptant plus cette situation. Alléluia dira sa mère ! Je n’accroche pas à cette nouvelle Ellen, elle casse ce lien familial que j’aimais tant dans le premier tome. Pire elle m’agace en fait ! L’extase venant de la courte apparition de la Ligue des Ombres avec John Constantine, Zatanna (ah enfin Zatanna dans une publication Urban) et Madame Xanadu qui viennent mettre en garde sur son implication et participation dans le désastre prochain. Mais elle n’est pas la seule fautive à cet éclatement, Maxine est quasi inexistante dans ce tome et Cliff est devenu un adolescent lambda poussé par ses hormones. Enorme la scène où il essaie de draguer une fille dans la rue ayant un t-shirt de son père sur elle.
Mais là où l’accent est moins mis sur la famille Baker, il l’est davantage sur le monde du Sang. Et déjà première bonne idée : le fait de voir évoluer ce monde en fonction de l’imaginaire de son avatar. L’avatar actuel étant Maxine, petite fille de quatre ans, forcément il prend un aspect de royaume fantastique de princesse au vue de son imaginaire. J’aime beaucoup cette idée. Et cela nous permet de voir de drôles de choses dans ce royaume du Sang, tout ça me fait une peu penser au Labyrinthe de Pan de Del Toro. Il n’y a qu’à voir le guide de Buddy qui rappelle assez le Faune du film pour s’en rendre compte.
On apprend pas mal de choses également sur l’opposition et le lien qui unissent la Nécrose, le Sang et la Sève. L’une ne peut survivre, évoluer sans les autres. Belle idée là aussi.
Le tome 1 était centré sur Maxine et le Sang, le tome 2 l’est sur Buddy et le Sang. L’homme décide de prendre ses responsabilités et n’hésite pas à s’opposer aux Totems de Sang afin de prouver sa valeur et défendre sa famille. Il était déjà fortement affecté de par le cas Maxine, il va l’être encore plus avec ce qu’il arrive à Cliff.
A noter pas de chapitre 12, celui-ci se trouvant dans Swamp Thing tome 2 Liens et Racines.
On trouve cependant l’annual #1 ou Chaussette raconte à Maxine la dernière tentative de domination de la Nécrose où l’on voit un aperçu des terribles et fantastiques pouvoirs que peut avoir un avatar du Sang.
Présence aussi de l’annual #0 se déroulant cinq ans en arrière. On y assiste à la mort de l’ancien Animal Man et à l’apparition, ou devrais-je dire la création, du nouveau en la personne de Buddy Baker, véritable has-been dans toute sa splendeur à ce moment de sa vie. On peut alors s’interroger sur les Totems de Sang, et sur quel véritable côté de la ligne ils se trouvent. Car quand bien cela soit pour leur bien, leurs méthodes ne sont pas forcément les bonnes. Et lorsque l’on se permet de telles choses, où se trouvent nos limites ? La Nécrose est peut-être le mal absolu mais le Sang, et peut-être la Sève, ne sont peut-être pas aussi bons qu’il n’y paraît.
Tout ça nous fait un tome 2 absolument passionnant, on replonge dans cet univers malsain, macabre, dangereux avec une grande joie. Les pages défilent, on dévore toutes les infos sur un rythme effréné. Il est tellement plaisant de voir cette famille « normale » essayer de se débattre au milieu de cette horreur anormale. Les personnages ont tous leur rôle à jouer, ils apportent tous quelque chose à un moment donné. Et l’on s’attache à eux. On a peur avec eux, on rit avec eux, on apprend avec eux.
Un mot sur les dessins, il faut bien dire que Travel Foreman manque cruellement au titre. Il ne signe en effet que les covers. Les dessinateurs le remplaçant sont dans la même veine artistiquement mais il manque le petit truc qu’apportait Foreman et qui collait tellement à l’aspect malsain de la série. Steve Pugh, que l’on voit le plus dans ce tome est peut-être le plus proche de Foreman. Ses infectés par la Nécrose dégagent quelque chose de putride et d’effrayant. Mais certaines de ses cases font bâclées, inachevées. Vraiment déçu tellement Foreman avait été une révélation sur le tome 1. Mais cela ne gâche en rien la lecture. Sa mise en page donnant suffisamment de rythme au récit de Jeff Lemire.
Bref, essai transformé et très largement pour Animal Man, qui s’avère donc être un titre de qualité dans ce relaunch new52. Ce personnage et son univers m’était totalement inconnu, et il est devenu l’un de mes titres préférés. Univers fascinant et addictif, personnages attachants, méchant bien différent de ce qu’on peut voir ailleurs. La force du titre réside dans le fait qu’il se déroule dans un contexte totalement différent des autres histoires du super-héros. Ca change de nos autres lectures. Le tome 2 réussi à maintenir le lecteur tout au long de l’histoire, et réussir à tenir en haleine de la même façon sur 11 chapitres en deux tomes, cela montre à quel point ce titre est bon et passionnant. Jetez-vous dessus si ce n’est pas encore fait.