On dit de Richard Thompson qu’il est le successeur de Bill Watterson et de Charles M. Schulz dans la grande tradition des comics strips qui font le bonheur de la presse américaine. Lui se réclame - ou plutôt déclare son amour à l’égard - du plus illustre d’entre eux, Winsor McCay. C’est qu’il partage avec lui, et les deux autres d’ailleurs, ce talent pour croquer de manière tendre, intelligente et novatrice l’enfance, les questions qu’elle se pose mais surtout celles qu’elle adresse au monde qui l’entoure.


Alice Otterloop nous conduit ainsi dans sa banlieue et, à travers elle, c’est la peinture de la classe moyenne des Suburbs américains qui se donne à lire. Un regard décalé, inquiet, drôle et désarmant soutenu par un trait brillant, tremblant et nerveux qui confère une vitalité vibrante aux strips. Aussi touchant qu’acerbe, aussi sensible que mordant, Cul de Sac s’impose comme une évidence. D’autant qu’on se prend rapidement d’affection pour ce petit monde qui se déploie sous nos yeux.


Richard Thompson a développé son univers dans les pages du Washington Post à partir de 2004. Le succès, rapide, conduit le titre à la syndication, c’est-à-dire une diffusion dans de nombreux titres de presse à travers le pays, en septembre 2007. Il reçoit plusieurs prix pour Cul de Sac : Reuben Award de la National Cartoonists Society bien entendu (en 2011), mais aussi Harvey Award (2012) et Eisner Award (2015). Annonçant en 2009 être atteint de la maladie de Parkinson, il continue à dessiner Cul de Sac jusqu’en 2012, date à laquelle il doit stopper la série.


Celle-ci connut une première édition française, un volume de 128 pages, chez Delcourt, en 2010. Avec celle que propose Urban Comics, on change radicalement de dimensions, à tous les sens du terme. Un premier tome de 350 pages, en appelant d’autres, dans un format à l’italienne qui est celui de leur collection Urban Strips dans laquelle nous avions récemment découvert Hägar Dünor.


Ce premier tome couvre la période antérieure à la syndication (2004-2007), puis le début de celle-ci jusqu’à fin 2008. On y trouve également une belle préface d’une autre immense référence de la bande dessinée, Art Spiegelmann. Après avoir été adoubé par Bill Watterson dans la précédente édition de son œuvre, Richard Thompson bénéficie d’un nouveau patronage de prestige. Et après tout, c’est bien mérité.


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le 26 juil. 2016

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