Il s'agit d'une minisérie en 4 épisodes publiée initialement en 1996. Elle a été complétée par Amalgam age (Marvel collection) et Amalgam age (DC collection). Le présent tome comprend également l'épisode "Doctor Strangefate" écrit par Ron Marz, dessiné par José Luis García-López, et encré par Kevin Nowlan.


À Manhattan, Spider-Man (Ben Reilly) apprécie le calme en se baladant de toit en toit lorsqu'il aperçoit un grand carton en train de briller. Il passe au travers et se retrouve face au Joker à Gotham. À coté du carton, un sans-abri prononce des sentences inintelligibles déclarant à Axel Asher (Access) qui passait par là que ça commence. Ailleurs, Juggernaut (Cain Marko) disparaît alors qu'il était en train de se battre contre les X-Men, pour réapparaître à Metropolis où il est confronté à Superman. Partout dans le monde des superhéros et des supercriminels disparaissent d'un univers (DC ou Marvel) pour réapparaître dans l'autre univers (Marvel ou DC). Il semblerait que ces fluctuations soient dues aux entités incarnant ces 2 univers qui ont pris conscience l'une de l'autre. Elles décident de juger de l'univers le plus méritant en opposant des superhéros ; les 11 matchs sont les suivants.



  • Aquaman (Arthur Curry) versus Namor (Namor McKenzie)

  • Elektra (Elektra Natchios) versus Catwoman (Selina Kyle)

  • Flash (Wally West) versus Quicksilver (Pietro Maximoff)

  • Robin (Tim Drake) versus Jubilee (Jubilation Lee)

  • Silver Surfer (Norrin Radd) versus Green Lantern (Kyle Rayner)

  • Thor (Donald Blake) versus Captain Marvel (Billy Batson)

  • Batman (Bruce Wayne) versus Captain America (Steve Rogers)

  • Spider-Man (Ben Reilly) versus Superboy (Conner Kent)

  • Wolverine (Logan) versus Lobo

  • Storm (Ororo Munroe) versus Wonder Woman (Diana Prince)

  • Superman (Clark Kent) versus Hulk (Bruce Banner)


Un rêve humide de tout fan de superhéros qui se respecte : les 2 principaux éditeurs de comics se sont associés pour une série où tous leurs personnages peuvent se rencontrer pour... se taper dessus à loisir, ou à peine. L'histoire a été conçue à 4 mains par Peter David et Ron Marz. David a écrit les épisodes 2 et 4, Marz les épisodes 1 et 3. Il y a également 2 équipes de dessinateurs qui se relaient. Dan Jurgens (encré par Josef Rubinstein) et Claudio Castinelli (encré par Paul Neary) alternent toutes les 8 pages, chaque épisode comprenant 32 pages. Par exemple pour l'épisode 1, Jurgens a dessiné les pages 1 à 8, puis, 17 à 24, et Castinelli a dessiné les pages 9 à 16, et 25 à 32. DC Comics a publié les numéros 1 & 4, Marvel les numéros 2 & 3. Autant dire qu'il s'agit d'une histoire continue, sans solution de continuité.


Malgré cette coordination optimale entre les 2 éditeurs, le résultat n'est pas la hauteur. Peter David et Ron Marz ont imaginé une histoire où chacun des 2 univers est incarné dans une grande entité en armure futuriste quelconque, pour qui la solution la plus simple pour gérer cette coexistence est de se taper dessus par superhéros interposés. Autant dire qu'il s'agit du degré zéro du commentaire, et qu'il n'y a aucun métacommentaire, toute est premier degré, au ras des pâquerettes. David et Marz montrent qu'en passant d'un univers à l'autre les personnages se retrouvent face à d'autres qu'ils ne connaissent pas. Puis ils dirigent le récit vers l'amalgame entre les 2 univers pour permettre ces amalgames entre superhéros des univers (par exemple Batman + Wolverine = Dark Claw) qui font l'objet de 2 autres recueils. Ce n'est une surprise pour personne que tout revient au statu quo initial à la fin.


Le principal centre d'intérêt réside donc dans ces fameux face à face, dont certains débouchent sur des combats. En effet, d'autres en restent au stade d'échanges de menace : Thanos / Darkseid, Batman / Venom (1 case), Punisher / Deathstroke (1 case), Demon / Ghost Rider (1 case), etc. Il en va de même pour certaines rencontres où les superhéros sont juste dessinés côte à côte, sans dialogues : Starman & Doctor Strange, Hawkman & Angel, She-Hulk & Supergirl, etc. Il se produit donc un effet catalogue, dépourvu d'histoire, juste des images tentantes.


Mais il reste encore ces 11 combats (les 6 premiers dont l'issue est déterminée par les scénaristes, les 5 derniers par le vote des lecteurs). Surprise ! Au final le résultat de ces combats n'a aucune incidence sur la suite de l'histoire. Il reste encore que David et Marz ont défini des règles claires pour ces affrontements qui débouchent sur une victoire établie et indiscutable : le premier superhéros à terre à perdu. Oui, mais ces combats sont inintéressants au possible : quelques échanges de coup et c'est fini. Les scénaristes n'arrivent qu'exceptionnellement à faire ressortir les différences entre les superhéros. L'expérience et le niveau de puissance de Flash apparaît face à Quicksilver, Par contre Namor et Aquaman ne sont pas loin d'être interchangeables. C'est bâclé.


Et c'est bâclé autant au niveau du scénario que des dessins. À l'époque, Dan Jurgens était un dessinateur prolifique (également scénariste), avec de longs passages sur les séries Superman, et Thor. C'est le roi du dessin fonctionnel et efficace, dans le domaine de comics et d'une production industrielle de masse. Le lecteur reconnaît immédiatement chaque personnage grâce aux caractéristiques bien identifiées. Chaque scène se lit aisément et rapidement. La mise en page est réalisée sur la base de cases sagement rectangulaires. Les manifestations de superpouvoirs correspondent aux codes établis dans les séries respectives des personnages. De temps à autre, il insiste sur un élément de décor (une façade, un camion), mais évite de les reproduire dans les cases suivantes dès qu'il le peut. Il utilise tous les raccourcis propres aux comics. Au final il raconte l'histoire de manière efficace, mais c'est le seul trait de sa personnalité d'artiste qui ressort dans les pages.


Le cas de Claudio Castellini est un peu différent. La biographie apprend au lecteur qu'il s'agit d'un dessinateur qui avait ses preuves en Italie sur la série "Dylan Dog". Il s'applique ici à se couler dans le moule des tics graphiques des années 1990. C'est difficile à regarder. Le plus évident se voit dans les musculatures exagérées pour tous les personnages, mais aussi dans les postures artificielles mettant en avant les poitrines, les poings, en privilégiant les angles de vue de biais. Cela s'avère vite fatiguant à la lecture et Castellini en fait beaucoup de trop. À force d'exagérer les musculatures, le poignet de Hulk devient plus épais que sa taille. Chaque sein de Wonder Woman fait 2 fois le volume de sa tête. Le mollet de Lois Lane est plus long que son torse. S'il est habituel pour les dessinateurs de superhéros de jouer sur l'exagération pour accentuer la force des coups, la puissance physique de personnages, l'exagération systématique dans toutes les cases finit par perdre son sens.


Ce tome comprend également l'épisode de "Doctor Strangefate", un amalgame entre les personnages de "Doctor Strange" (Marvel) et "Doctor Fate" (DC), dans lequel Strangefate contacte Access et le met sur la voie de la compréhension de la situation. Le principe de ces épisodes amalgames était de les traiter comme un épisode dans la continuité d'une série existante.


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À partir d'une idée de fan de comics de superhéros, Peter David et Ron Marz réalisent une histoire qui se résume en 2 phrases. Les 2 univers DC et Marvel s'affrontent, puis s'amalgame et tout redevient comme avant. Tout le développement est d'une rare fadeur, et il n'est pas à la hauteur des fantasmes du lecteur. Kurt Busiek et George Perez ont été nettement meilleurs avec JLA/Avengers (2003), y compris sur le plan graphique qui ici alterne entre le laid et le fonctionnel insipide. Le plus intéressant est de (re)découvir certains de costumes ahurissants de certains superhéros (avec le pompon pour Thor).


Cette série a donné lieu à une suite intitulée "All access" qui n'a pas été réédité en recueil. Il est possible d'en voir un épisode sur les 4 : All access issue 2 : "Two Sides of the Same Coin" (1997). L'idée de l'amalgame a donné lieu à une suite : Return to the Amalgam age (DC collection) et Return to the Amalgam age (Marvel collection).


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PLUS DE CROSSOVERS MARVEL / DC


DC/Marvel crossover classics 1 : Superman vs. Amazing Spider-Man (1976), Hulk / Batman (DC Special Series 27, 1981), Spider-Man / Superman (Marvel Treasury Edition, 1981), Uncanny X-Men and The New Teen Titans (1982)


DC/Marvel crossover classics 2 : Batman/Punisher: Lake of Fire (1994), Punisher/Batman: Deadly Knights (1994), Batman/Captain America (1996), Silver Surfer/Superman (1996)


DC/Marvel crossover classics 3 : Spider-Man and Batman (1995), Spider-Man/Gen13 (1996), Team X/Team 7 (1996), Daredevil/Batman (1997), Generation X/Gen13 (1998), Incredible Hulk vs Superman (1999)


DC/Marvel crossover classics 4 : Darkseid vs. Galactus: The Hunger (1995), Green Lantern/Silver Surfer: Unholy Alliances (1995), Batman/Spider-Man (1997), Superman/Fantastic Four (1999)

Presence
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le 5 oct. 2019

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