Deadline de Laurent-Frédéric Bollée et Christian Rossi, c’est comme un duel au soleil où les flingues brillent plus que les répliques. Ce western ambitieux mélange vengeance, suspense et poussière, mais peine parfois à tenir le rythme de sa propre cavalerie narrative.
L’histoire se déroule dans un Far West rugueux où les enjeux moraux s’entrechoquent avec les coups de feu. On y suit un shérif confronté à une mission impossible, des personnages qui en bavent, et un ton qui alterne entre noirceur et mélancolie. Ça pourrait être du Sergio Leone en BD… si le scénario ne se perdait pas en chemin.
Bollée propose une intrigue dense et foisonnante, mais qui s’alourdit parfois sous le poids de ses propres ambitions. Entre flashbacks, dilemmes et secrets enfouis, la narration peine à trouver une fluidité. C’est captivant par moments, mais d’autres séquences s’étirent ou se perdent dans des dialogues qui manquent de punch. On sent la volonté de plonger dans les nuances des personnages, mais le résultat reste en surface.
Visuellement, Christian Rossi tire son épingle du jeu. Son trait réaliste, ses décors détaillés et son travail sur la lumière donnent une vraie identité au récit. Les paysages sont majestueux, les scènes d’action efficaces, et certaines planches flirtent avec le sublime. Mais cet écrin graphique met parfois en lumière les failles du scénario, rendant les longueurs encore plus évidentes.
Le point fort de Deadline, c’est son atmosphère : un Far West désenchanté, où les héros n’en sont pas vraiment et où chaque choix semble être le mauvais. Mais cette richesse thématique aurait gagné à être mieux structurée. Les dilemmes moraux et les tensions psychologiques manquent de temps pour respirer, et l’ensemble finit par donner une impression d’inachevé.
En résumé : Deadline est un western en BD qui tire quelques belles cartouches grâce à une ambiance soignée et un dessin impeccable, mais qui rate parfois sa cible narrative. Si tu aimes les récits denses et contemplatifs, tu trouveras ici de quoi satisfaire ta soif de western. Mais ne t’attends pas à une chevauchée mémorable : certaines pages traînent la patte plus qu’elles ne galopent. Une œuvre honnête, mais qui manque d’un vrai coup de fouet.