Ha, une BD financée par un projet ANR (agence nationale de la recherche), ça a de quoi surprendre. Pour les non initiés, c'est le principal circuit de financement de la recherche non-industrielle en France. C'est en l’occurrence le résultat d'un travail d'histoire et le résultat pour le grand public est un web-docu (www.bidonville-nanterre.arte.tv), et cette BD donc.
L'histoire est en fait assez simple, c'est celle d'un bidonville sur le terrain de la Défense en construction, dans les année 60 donc. Un épisode que l'on aurait bien vite oublié. Cité de transit', logement d'urgence, des familles qui pensent qu'elles vont ramasser de l'argent sur les arbres et qui récoltent surtout des enfants malades, sur fond d'indépendance algérienne et d'une xénophobie que l'on croirait d'un autre siècle. Tout ça on le savait un peu, ça nous remet le nez sur les faits, dans les faits même.
Mais le but ici n'est vraiment pas de dénoncer, c'est de nous faire revivre le quotidien de ces familles de l'intérieur. Le résultat est assez réussi, le travail de récolte de témoignage est superbe et on en finit plus d'attendre avec eux, c'est plein d'anecdotes très intéressantes sur la vie dans ces bidonvilles. Côté BD c'est tout à fait honnête, même si la narration est un peu naïve parfois, le trait correspond parfaitement à ce qu'il fallait pour les bidonvilles.
Le fait que des scientifiques utilisent la BD prouve, une fois de plus, que c'est un support majeur du documentaire. On peut vivre de l'intérieur des évènement impossibles à filmer, on peut montrer des choses impossibles à raconter, on peut dépasser le témoignage sans le trahir.