Toujours en cours de parution, l'hidden gem qu'est ce manga continue d'étonner les lecteurs. Titre chelou et mangaka inconnu, ça ne l’empêche pas d'atteindre les sommets de la qualité.
Pour le vanter comme ça il doit bien y avoir une raison, plusieurs dans ce cas précis. Si l'histoire super captivante de Caiman, homme à tête de lézard victime du maléfice d'un mage ne vous passionne pas, vous pourrez toujours vous tourner vers son univers où il a peu de chances de décevoir. D'un genre post apocalyptique et divisé en 2 mondes, à savoir celui des humains miteux qui tentent tant bien que mal de survivre et celui des mages hiérarchisé par la qualité du pouvoir de ces derniers et dominés par une force plus intense encore : les démons. La plupart du temps les humains servent de cobayes pour les mages, qui eux sont libres de voyager entre les deux mondes contrairement aux autres et dotés d'une apparence qui penche plus vers le mafieux masqué qu'à celle du vrai mage à la cape et au sceptre. Des éléments de ce léger aperçu rappelleront surement à certains d'entre vous un autre manga plus populaire qui a du en faire rêver plus d'un. Puisqu'il s'agit d'une évidence, je tairai le nom... Univers curieux mais aussi original malgré l'inspiration. C'est super détaillé, tant sur le dessin que sur l'ambiance qui s'en dégage. Chaque personnage est, en plus d’être charismatique, relevé par son design et sa personnalité, détaillant jusqu'à son appartenance à un quelconque clan. Le tout dans un environnement sale et hostile rappelant d'une part la tristesse de Nihei, de l'autre la violence d'Oku. C'est le dessin qui permet ça, force est d'admettre que le style de l'auteure assez "vulgaire" au début a rapidement su se tourner vers un style plus sombre qu'il ne l'était... Chapeau.
Personnellement, s'il y a quelque chose qui m'a marqué dans l'oeuvre c'est bien le travail réalisé autour des personnages. Entre les chapitres qui font avancer l'intrigue, il y a ceux qui nous plongent dans leur quotidien. En lisant cette critique, vous avez sans doute compris que le personnage principal appartient au monde des humains, et qu'il sera donc tout naturel de s'attacher à ces derniers. Pourtant ici on finit par croire qu'il n'y a aucun méchant dans Dorohedoro, que même le pire des mages, chef de la mafia, qui ne fait pas la différence entre un humain et un insecte, qui donc n'hésite pas à tuer l'un comme l'autre, devient attachant au fur et à mesure de l'histoire, surtout quand on apprend grâce au détail de son quotidien qu'il ne mange que des champignons, qu'il a des coutumes inhabituelles et qu'il porte un grand intérêt pour un animal domestique. Vous l'avez compris : on a beau être le plus grand des monstres dans Dorohedoro, on a toujours un ou deux délires comme tout le monde, ou au meilleur des cas un passé marquant...
Chose aussi amusante à mentionner c'est le ton complétement en dents de scie du titre. Pour finir un tome, bien qu'il contient une des plus grosses baston de l'histoire et soit gore comme il ne l'a jamais été, Q Hayashida, l'auteure, ne se retient vraiment pas sur l'humour. Parfois inefficace, il garde tout de même le mérite d'appuyer le charisme et notre attachement pour les personnages. Dans ce cas précis, vous ne manquerez pas de voir le plus diabolique des démons jouer des tours aux humains ou le plus puissant des mages faire du shopping, hilarant (lol). Et sans abus évidemment, l’intérêt n'est pas de foutre en l'air la crédibilité des persos et c'est loin d’être le cas, pas d'inquiétude.
Au final c'est quoi Dorohedoro ? Pour faire simple : un manga atypique qui a tout pour plaire. Mais s'il y a une raison outre son univers, déjà évoquée, pour laquelle ce manga tue c'est bien le scénario. Captivant jusqu'au dernier chapitre disponible, impossible de s'en lasser... Toujours en parution comme précisé en haut, j'ai hâte de voir ce que donne la fin. Qu'elle soit énorme et il s’agira sans aucun doute du meilleur manga de ces 20 dernières années (même si c'est actuellement le cas...).