Dorohedoro.
Comment expliquer Dorohedoro à quelqu'un n'ayant jamais lu Dorohedoro ?
Ça se passe dans un univers - semble-t-il - post-apocalyptique, où s'opposent 2 mondes : Celui des humains, Hole, et le Monde des Mages.
Le premier est un bidonville infame qui ne sera pas sans rappeler la Décharge dans Gunnm, où la violence fait sa loi en toute impunité, et est tyrannisé par le second,où vivent des gens capables de produire une étrange fumée noire qui leur donne des super-pouvoirs, et qui se servent des gens de Hole comme cobayes pour leurs expériences magiques.
Nous suivons les aventures de Caïman, humain amnésique à tête de lézard, qui recherche le sorcier qui l'a transformé pour redevenir normal et retrouver la mémoire, accompagné de sa meilleure amie Nikaido.
Et si ce pitch de départ ne vous suffit pas, et sachant que je n'ai fais qu'exposer même pas 1% de la richesse narrative et visuelle de ce manga, sachez qu'il contient aussi : Des zombies, des gros monstres, du mystère, du fantastique, du neo-steampunk, des mutants, de l'horreur, des démons, de l'humour, des filles sexy, de la baston super sale, et un mage surpuissant qui peut tout transformer en champignons, putain c'est trop géniallll !!!
Et je sais ce que vous vous dites, qu'un manga aussi riche ne peut au final que donner un énorme patchwork incohérent et bordélique, et bah non, même pas. Car si l'auteure mélange les genres, elle parvient à créer un univers cohérent et vraisemblable, sans jamais se disperser où rendre certains points de cet univers superflus, et ça c'est très fort et super difficile à faire.
Du coup, on en ressort avec un manga avec une ambiance très particulière, partagée entre l'horreur (car ce manga est très très gore, sachez le), le fantastique et le sérieux, et l'humour et le burlesque. Sérieux, citez moi un seul autre manga où l'on arrive à croire qu'un type capable de tout transformer en champignons est le plus puissant mage du monde !
De fait, le lecteur finit par s'attacher à à peu près tous les personnages, ils ont tous un coté très humain, et les voir interagir dans la vie quotidienne fait qu'ils nous paraissent plus vivants. Car dans Dorohedoro, personne n'est méchant, tout le monde est gentil, mais vit dans un monde de fous.
De fait, le lecteur finit rapidement par s'habituer aux scène ultra-gores comme le font les personnages, car comme pour eux elles sont quotidienne, on finit par ne même plus être choqué par des scènes d'horreur pure (sauf 2 ou 3, parce qu'il faut pas déconner non plus), ce qui fait que nous aussi, en tant que lecteurs, on se sentira comme appartenant vraiment à l'univers de Dorohedoro.
Immersion totale, vous dis-je !
D'ailleurs, il est intéressant de noter que quasiment tous les personnages principaux, lorsqu'ils se battent, revêtent des masques et emploient des armes blanches ou contondantes. Le parallèle avec des psychopathes de Slashers est facile à faire, et donne une assez bonne idée de la vision qu'a Ayashida de ses personnages. Dès lors qu'elle nous place du coté de parfaits cinglés, elle nous pousse à abandonner nos repères moraux et à juste nous laisser porter par leurs aventures rocambolesques.
Et le fil rouge de tout ça, la quête de Caïman pour retrouver son identité, est également très bien ficelé. L'auteure arrive à dispatcher au cours de son récit de nombreuses pistes et rebondissements qui nous font douter, en tant que lecteurs, de la vraie solution du mystère, on pourrait alors penser qu'elle cherche juste à brouiller les pistes car n'ayant aucune idée de comment résoudre tous les points noirs de l'intrigue, mais pas du tout. Chaque nouvel indice est pertinent, bien amené, et sert réellement à la résolution du mystère, et oui c'est un manga bien pensé à ce point là, monsieur !
Sans compter bien sur que le récit saute souvent d'un point de vue à l'autre , sans que jamais ça ne devienne un bordel narratif ou que ce soit chiant à lire, bien sur.
Et que dire du dessin, sinon qu'il est tout bonnement brillant : Sombre, sale, précis, détaillé, de très bons chara-designs et une direction artistique très riche, un découpage excellent, bref, le dessin est excellent.
Dorohedoro, bien que peu connu en France, est bien parti pour devenir un manga culte, avec son univers très riches, ses très bons personnages et son dessin, et il mérite plus de visibilité, à mon humble avis.