Je continue mes pérégrinations dans l'univers de Daredevil orchestré par Frank Miller. Et je le trouve de plus en solide et maitrisé. Et intéressant (oui parce que c'est l'essentiel au final !).
On suit dans cet arc les pérégrinations de l'amour (un des amours à ce que j'ai compris) de Matt Murdock, Elektra (tout était déjà dans le titre en fait !).
Encore une fois Miller maitrise de bout en bout ses personnages. Le début du récit nous plonge dans l'esprit embrumé et drogué du protagoniste. Cela est rendu de façon subtile par Miller en désynchronisant les informations issues de la partie graphique est celles de la partie textuelle. En quelque sorte, il y a un décalage entre la voix d'Elektra (récit à la première personne) et l'action présente dans les cases. Il y a parfois également une non linéarité dans les dialogues qui donne un certain vertige au récit. Je dois avouer qu'au début j'ai eu du mal à m'y adapter. J'étais interloqué, décontenancé, un peu perdu en somme. Mais chemin faisant, on s'en accommode, on comprend pourquoi et on se surprend même à trouver que c'est une bonne idée à la fin.
J'ai trouvé d'ailleurs la fin absolument admirable, finement scénarisée, une succulente lecture. Et je me suis demandé à quel point je pouvais apprécier l'œuvre, avec un début un peu incertain et une fin en beauté. Et je pense que sur ce cas précis, la dernière partie du récit n'aurait pas la même saveur sans ce début psychédélique qui pose un ton, une atmosphère et des personnages.
La patte graphique est remarquable. On change habilement de style, en douceur, en fonction des propos tenus et de l'émotion, du message à faire passer. Peu en sont capable. C'est moderne et audacieux, encore aujourd'hui et largement ! Donc bravo !
Un comics réussi, divertissant, intelligent et subtil. Pas forcément très accessible en première lecture, ce sera son seul défaut peut-être !