Dans une série de nouvelles explorant divers genres et registres, Hiroaki Samura, auteur de "L'Habitant de l'Infini", fait montre de son talent à croquer des personnages et à poser des situations inattendues.
2016 constitue pour la collection manga de Casterman, Sakka, l’année d’Hiroaki Samura. Pensez donc : Snegurochka en février, Halcyon Lunch en mai, puis une édition anniversaire des 20 ans de L’Habitant de l’Infini en juin - un beau volume cartonné reprenant les deux premiers tomes de la série. Et maintenant, ce recueil de nouvelles que constitue Emerald.
Et c’est une vraie réussite car on y découvre la capacité du mangaka à s’approprier des genres variés, à adopter des tons particulièrement contrastés. Western, drame familial, thriller intime, science-fiction, horreur victorienne, romance maladroite ou encore comédie scolaire : la palette s’avère vaste et l’aisance, ainsi que la patte de l’artiste manifestes. Publié au Japon en 2009, ce recueil regroupe donc des œuvres antérieures aux autres titres parus cette année, des nouvelles composées entre 2004 et 2008.
Le volume s’ouvre par un pur exercice de style, dans un genre codifié : le western. Mais ce premier récit se distingue en faisant la part belle aux personnages féminins. Et c’est bien là le fil rouge de l’ensemble de l’ouvrage : des jeunes femmes, ou jeunes filles, conduites à prendre à bras le corps l’action qui s’offre à elles et à s’affirmer pleinement comme individus. Kaori, dans le deuxième récit, fille qui craint de voir son père se remarier, en fait la démonstration éclatante à travers une troublante plongée dans une forme de perversité familiale.
On aura également une pensée particulière pour le gag manga en quelques planches dont les numéros ponctuent le volume : Cet Uniforme qui vous colle à la peau. Les héroïnes y sont hilarantes, Hiroaki Samura s’y amuse à briser le quatrième mur et le portrait qu’il brosse de la société qui l’environne, par le prisme de lycéennes est un vrai régal.
Chronique originale et illustrée sur ActuaBD.com