En Immersion - Batwoman, tome 2 par Freytaw
Attention : cette critique contient des spoilers sur le tome précédent !
Kate Kane, aka Batwoman vient de détruire et libérer la "Weeping Woman", qui hantait Gotham et enlevait ses enfants. Hélas, la justicière masquée n'a pas réussie à retrouver ces derniers. Le fantôme n'était qu'un instrument parmi tant d'autres à la solde de l'organisation Medusa, qui par la terreur, cherche a gagner du pouvoir. Pourquoi capturer ces enfants ? Qui est à la tête de cette mystérieuse organisation mystique ? Trop de questions qui restent sans réponse. Kate est désemparée, et un peu plus après qu'elle ait appris l'assaut contre sa cousine et partenaire, Bette Kane, aka Flamebird, qui se maintient entre la vie et la mort. Pendant ce temps, l'agent Chase, du D.E.O., continue de lui faire du chantage pour qu'elle soit obligée d'agir en accord avec ce groupe gouvernemental. Batwoman est pied et poing liés, car le D.E.O. connait son identité, elle va avoir du mal à avancer dans son enquête sans rendre de compte au groupe. Reste Maggie Sawyer, sa nouvelle petite amie, qui elle aussi enquête sur la disparition des enfants et l'implication du groupe Medusa. Source de réconfort mais aussi de dilemne, puisqu'elle ne peut décemment pas lui révéler tout ses secrets sans la mettre en danger et potentiellement perdre sa confiance.
Voici un peu le contexte de ce second tome. Des personnages forts, des situations difficiles, une torture mentale pour Batwoman qui s'est mise dans un beau pétrin, faute de vigilance (malgré les mise en garde de Batman), une affaire qui piétine... Tant d'éléments qui regroupés ensemble offre une tension et une histoire vraiment prenante et digne d'intérêt. Williams III et Haden Blackman reparte donc là où ils s'étaient arrêtés. Nouvel arc, mais plus tourné donc vers l'ensemble du groupe Medusa. Ainsi, les menaces se multiplient.
Fait surprenant, et déstabilisant au début, c'est la narration. Découpée par "point de vue" et dans des intervalles de temps différents (même si tout finit par se recouper à la fin, évidemment), on navigue entre chaque personnage, ce qui renforce leur caractérisation mais peut aussi un peu plus nous perdre. Ainsi, nous avons le point de vue de Batwoman, qui se situe dans le présent : la bataille finale contre le sois-disant maître de l'organisation Medusa. Nous suivons les péripéties de l'agent Chase, qui va continuer de mener sa propre barque en tenant en laisse Batwoman. Maggie Sawyer a aussi une belle exposition, nous la voyons évoluer au sein de son enquête, tout comme dans sa vie privée avec Kate. D'ailleurs, Kate est aussi l'un des points de vue suivi, cela permet aussi judicieusement de revenir un peu sur les traces de Batwoman avant d'en arriver dans cet confrontation finale. Nous avons ensuite le père de Kate, abandonné par sa fille qui lui en veut toujours (quelle ingrate moi j'vous l'dis !), et qui tiens le chevet de Bette, qui reste dans un coma inquiétant. Et enfin, nous suivons "Maro", un agent de Medusa, celui-là même qui donne naissance aux "monstres" de l'organisation. Nous voyons ainsi la naissance de la "Weeping Woman" du premier tome, mais aussi l'implication de nouveaux ennemis comme "The Hook" (celui qui a bien esquinter Bette dans le premier tome) ou "Killer Croc" qui va subir une transformation pas des plus jolies (ou comment foutre un ennemi de Batman dans le tas, juste histoire de rappeler que hey, les mecs, on est à Gotham City !).
Comme dit plus haut, ce découpage, qui fait très largement penser à un montage de série télévisé (je pense notamment à la trop courte série Boomtown, dont on suivait les épisodes avec plusieurs points de vue de personnages) est vraiment perturbant. Plus en format single qu'en TPB (ouais, c'est pas la première fois que je dis ça). Parce qu'au final, les scénaristes ne se plantent pas et savent vraiment ce qu'ils font. Remontant parfois loin sur le fil de l'histoire mais en ne laissant rien au hasard. Chaque personnage peut ainsi se suivre séparément, ayant finalement leur propre but et "sous-intrigue", si je puis dire ainsi. Ce qui finalement, sert énormément à la caractérisation. Je ne vais pas revenir dessus mais c'est clairement le point fort du titre. C'est un tome très certainement moins accessible que le précédent, mais qui reste très logique et bien travaillé.
Reste le cas des dessins. Ce second arc n'est pas dessiné par la plume de Williams III. Amy Reeder et Trevor McCarthy prennent les devants. Et même si ils font un travail magnifique (j'adore surtout les traits d'Amy Reeder, qui dépeint une Kate Kane en civil juste sublime, avec des expressions et des scènes transpirantes de vie), il faut avouer que le trait si particulier de l'auteur/dessinateur manque un peu. Mais rien n'est à jeté cependant, et on s'émerveille malgré tout des splash pages et de la mise en scène qui reste assez singulière.
Un second tome qui reste dans la continuité logique du premier. On continue sur la même histoire, ce qui, pourront dire certains, commencent à bien faire, surtout que la conclusion, ça sera pour le tome 3 visiblement. Un découpage surprenant et déstabilisant, mais non pas moins intéressant pourront aussi renforcer la frustration du lecteur. Mais il ne faut pas bouder son plaisir. La caractérisation est au top, l'intrigue est riche (et va bien plus loin que dans le premier tome) et personnellement, je reste impatient de découvrir la suite (que j'hésite à dévorer en single... surtout que Wonder Woman s'invite à la fête). Une histoire et une mise en scène compliquées mais parfaitement maîtrisées et passionnantes. Avec des dessins un cran en dessous mais toujours super beau. Il faut quand même se laisser tenter !
Petite note aussi pour signaler qu'en début de tome, dans l'édition VO (la VF n'est de toutes façons pas encore parue quand j'écris ces lignes), nous avons droit à une page de résumé du tome précédent (et aussi vite fait d'Elegy). Ce qui est assez rare pour être signalé. Et c'est plutôt une bonne pratique du coup !